Raymond Bock serait-il tombé dans le chaudron de l’histoire québécoise quand il était enfant ? En tout cas, sa passion est contagieuse. Qu’il raconte le destin d’un religieux livré au froid et à la faim aux premiers jours de la colonisation en Amérique française, la vie d’un coureur des bois à la même époque, ou plus follement, celle d’un archiviste qui voyage dans le passé, l’auteur le fait avec une rare finesse, du talent et une érudition qui s’insère en toute simplicité dans la narration et les décors. Un pur plaisir pour ceux et celles qui en ont assez d’une littérature clinquante et cherchent de la profondeur, un propos. On devine d’ailleurs le souverainiste dans certaines nouvelles d’Atavismes, entre autres dans « Effacer le tableau », où Bock imagine le Québec du futur, un Québec non majoritairement français, pour lequel se bat un groupuscule de patriotes nouveau genre. Rien n’est pourtant souligné au crayon, ou si peu. Les personnages vibrent, semblent posséder leur propre vie, hors de cette volonté de dire quelque chose. Et c’est sans doute la plus grande qualité de ce livre : nous faire entrer dans l’intériorité de personnages qui n’ont rien de commun avec nous, qui ne pensent plus comme nous aujourd’hui, nous faire sentir leurs déceptions, leurs découvertes, leurs douleurs physiques ou morales, nonobstant les opinions qui les traversent. Sur ce point, les héros contemporains nous sembleront moins intéressants, mais ils dessinent un beau contrepoint ; peu façonnés par l’histoire, ils montrent un versant plus intime et parfois métaphysique de l’existence humaine. En somme, c’est le genre de livre qui fera son chemin sans battage publicitaire, à mots soufflés.
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