Les dix chapitres de ce livre ont d’abord été autant d’épisodes d’une série diffusée à la radio de Radio-Canada en juillet 1996. Le texte ne se présente pas pour autant sous forme de script, mais bien en une prose exempte d’attributs radiophoniques. À cause de certaines répétitions, le lecteur ressent néanmoins le caractère feuilletonesque de l’œuvre, mais là n’est pas l’aspect le plus déconcertant du livre. Athur Buies chevalier errant se veut un hommage au chroniqueur et pamphlétaire du siècle dernier, originaire de Rimouski. Quelque part entre le recueil d’extraits choisis, la biographie et la fiction, le texte de Micheline Morisset fait réapparaître Buies (pourquoi ? comment ?) à Rimouski en 1995. Il y rencontre Geneviève, jeune femme moderne versée dans la littérature, et vit la seconde défaite référendaire.
L’auteure court-circuite la narration en renseignant le lecteur sur ce qu’elle aurait pu faire de ses personnages, sur les pistes qu’elle ne suivra pas. Le rythme est souvent cassé par de copieuses citations tirées des œuvres de Buies et certaines tournures sont alambiquées. À force de courir plusieurs lièvres à la fois, ce livre, qui se veut la rencontre du passé et du présent en plus d’être une fiction narrative biographique ou peut-être un recueil d’extraits recontextualisés, manque sa cible.