Arrêts sur image : le titre est bien choisi pour chapeauter une série de nouvelles construites autour de moments fugaces, d’instants figés dans le temps à la manière des instantanés, comme si, effectivement, une caméra s’était arrêtée sur une image que Lise Gauvin aurait saisie au vol pour raconter un court épisode dans la vie des personnages qui la composent.
Pour la plupart, ce sont des femmes sur le point d’être trompées, trahies ou abandonnées ou qui le sont déjà. Des êtres souffrants dont le destin va basculer d’une minute à l’autre, pour le meilleur ou pour le pire, et qui seront bientôt envahis par le doute, la douleur ou l’incertitude.
Cela dit, le recueil comporte aussi des nouvelles plus drôles, plus légères, plus moqueuses, comme celle qui met en scène une femme qui cherche l’âme sur par le biais des petites annonces (« Femme cherche homme ») ou cette autre dans laquelle un couple de joueurs de tennis en mettent plein la vue aux membres de leur club (« Au tennis ») ou encore la nouvelle intitulée « La panne », écrite sur le mode d’un dialogue entre des personnes coincées dans un ascenseur et dont la mésaventure est commentée en direct par un chur. Le ton intimiste du recueil présente bien la vison intérieure des protagonistes et maintient le lecteur à proximité des personnages. L’écriture, souple et coulante, est peut-être un peu trop lisse cependant : les quinze récits sont bien fignolés mais pas très marquants, et les chutes, qui ne tombent pas toujours à propos, donnent parfois l’impression d’être un peu plaquées. Dans l’ensemble le recueil est plutôt gentil et inoffensif : il ne bouleverse pas mais il ne déplaît pas non plus.