Au matin du 4 novembre 1979, de nombreux « étudiants islamistes » envahissent soudainement l’ambassade des États-Unis à Téhéran. Les Américains ne s’alarment pas trop, croyant qu’il s’agit d’une manifestation spontanée et que les autorités iraniennes vont rapidement envoyer des forces pour chasser les occupants, comme cela s’était produit neuf mois plus tôt. Mais la nouvelle prise d’otages va durer longtemps : 53 fonctionnaires et diplomates américains seront retenus captifs pendant 444 jours. Au mépris des règles internationales, le gouvernement iranien se fera complice de la situation, exigeant que le chah, réfugié aux États-Unis, revienne dans sa patrie pour rendre compte des actes commis au cours de son administration.
Pourtant, six Américains qui se trouvaient dans le bâtiment du consulat au moment de la prise d’assaut ont discrètement réussi à s’échapper. Quelques jours plus tard, ils sont pris en charge et abrités par le personnel de l’ambassade canadienne. La situation étant risquée autant pour les diplomates en fuite que pour leurs sauveteurs, il est décidé qu’une action d’exfiltration sera menée. Antonio Mendez, alors à la tête du Service des déguisements de la CIA, est chargé de la mission. Dans son livre, Argo, il affirme que c’est lui qui a soigneusement élaboré et mis en pratique l’audacieuse opération qui a permis aux six diplomates de quitter l’Iran sains et saufs. Il fait de ce sauvetage un récit captivant dans lequel le Canada n’aurait joué qu’un rôle d’hôte. Pourtant, un documentaire du journaliste Dominique Fournier diffusé en deux temps à la télé de Radio-Canada, en août 2013, démontre que c’est plutôt le gouvernement canadien et son ambassade en Iran qui ont mené la danse. La fumisterie préparée par Mendez voulant que les évadés aient travaillé à l’élaboration d’un film n’aurait pas servi au moment de passer les contrôles à l’aéroport de Téhéran. Alors, même si son ouvrage reste palpitant comme un thriller d’espionnage, on peut s’interroger sur la réalité de ce qui y est raconté. Il s’apparente peut-être justement plus à un bon roman qu’à un récit fidèle des événements.