On sort de la lecture des poèmes de Sylvia Plath séduit et terrorisé. Les mots ne mentent pas dans cette poésie incisive, cruelle, nourrie des aspects irréfutables de la vie que sont la douleur, la peur, la mort. Sylvia Plath retrace ses émotions avec lucidité. « Les étoiles clignotent comme des chiffres terribles », écrit-elle.
Auteure d’un unique roman, La cloche de détresse (traduit en français et publié chez Denoël en 1972), Sylvia Plath est née dans la région de Boston en 1932. Elle se donnera la mort, à Londres, en décembre 1962, dans la maison du poète irlandais Yeats, qu’elle habitait depuis deux mois, après sa séparation d’avec le poète anglais Ted Hughes. Destin tragique. Œuvre en miroir. Cris et déchirures. Les poèmes de Sylvia Plath sont intensément autobiographiques. La poète y témoigne de ses combats pour vivre et comprendre ce qui l’engouffrera définitivement. Elle écrit : « Ces poèmes ne vivent pas : c’est un triste diagnostic ». La faille était là dès l’enfance, depuis la mort du père qui lui aussi s’était suicidé. De cette expérience, Sylvia gardera les traces sombres, le caractère absolu.
Dans La traversée comme dans Arbres d’hiver, Sylvia Plath écrit une poésie de l’implacable, grinçante, parfois accentuée de griffures plus légères notant que « la ville fond comme du sucre ». On reste figé devant ces descriptions réalistes voisinant avec des rêveries fantaisistes. « Dans le miroir leurs doubles les soutiennent. » Ce qui habite cette poésie, c’est la vision étrange d’un désir effréné de vie, rongé par une irrépressible attraction vers la mort. « Chaque matin c’est son visage qui remplace l’obscurité. » L’univers poétique de Sylvia Plath est celui de l’encerclement. On y entre à nos risques, les images nous restent en mémoire, fortes et percutantes. Et on reçoit cette poésie chirurgicale en se disant : « Le feu la rend précieuse, / Le même feu toujours ».