Dans cet ouvrage polémique, plusieurs auteurs del’International Forum on Globalization analysent sans complaisance les effets désastreux de la mondialisation pour une très grande partie de l’humanité. De la privatisation de l’eau aux brevets accordés sur les organismes vivants, du pillage des ressources naturelles à la voracité des transnationales qui redéfinissent les règles du jeu à leur seul profit, les auteurs lèvent le voile sur les dangers que fait peser la globalisation sur l’humanité.
Très bien documentées, les analyses rigoureuses truffées d’exemples concrets donnent froid dans le dos. Si les auteurs n’ont pas à convaincre ceux qui sont déjà convaincus, le sérieux de leurs analyses pourrait faire changer d’idée plusieurs personnes qui croient encore aux bienfaits de la mondialisation. Ce livre apporte une contribution majeure au débat, car l’image du jeune altermondialiste montant aux barricades fait désormais place à celle de personnes pondérées expliquant avec clarté et rigueur la véritable mainmise des grandes entreprises sur nos institutions, notre pouvoir de décision et notre avenir collectif. En ce sens, il est peut-être plus redoutable pour les pouvoirs en place que pourrait l’être une émeute de jeunes activistes.
Mais si les auteurs excellent dans l’analyse, les solutions proposées laisseront le lecteur sur son appétit. Car les quelques cas où des mouvements populaires ont pu faire reculer les transnationales n’empêchent pas la globalisation de s’étendre. De plus, même si les auteurs s’opposent avec raison aux brevets accordés sur les organismes vivants, on ne peut que constater que ces brevets existent déjà.
Les solutions proposées ne seraient réalisables que si un immense mouvement planétaire exigeait leur application ou si les Américains eux-mêmes s’opposaient farouchement à leurs grandes entreprises. Malheureusement, les idées avancées pour changer la donne mondiale ressemblent trop souvent à des souhaits. Malgré certaines lacunes, ce livre incontournable arrive comme une bouffée d’air frais. Il interpelle toute personne sensée qui s’interroge sur l’avenir de la planète.