À toutes fins utiles, ce roman d’espionnage se déroule en entier sous la surface de l’eau. L’hystérie alimente et amplifie la crainte du terrorisme, au point que l’on prête à une cellule de fanatiques, tantôt la capacité de voler un sous-marin nucléaire, tantôt celle, complémentaire, de construire secrètement un sous-marin moderne en cannibalisant les ambitieux submersibles autrement projetés par l’empire soviétique. Une fois ces « détails » réglés, l’action proprement dite s’engage : les bons tentent de deviner les intentions des méchants et d’intercepter le sous-marin pirate avant que ses missiles prennent la direction d’Israël.
Michael DiMercurio pimente son récit d’incursions dans les amours et les malheurs de deux jeunes commandants de la marine étatsunienne. Révélée à un moment névralgique, une tumeur au cerveau fait craindre que l’un des deux ne participe pas à l’ultime affrontement. Le métier n’est pas de ceux qui tolèrent la moindre lenteur intellectuelle. L’auteur élargira encore son registre en convainquant la marine étatsunienne d’accorder aux femmes un certain nombre de postes, y compris celui de séduisant second auprès de tel commandant. Espionnage, retour sur les stratégies de la guerre froide, scènes de séduction à proximité du combat, que demander de plus ?
Le grand mérite de DiMercurio sera de faire pénétrer son public lecteur dans le vocabulaire et le monde des sous-marins. Sans recourir à une emphase stérile, il crée ainsi une aura autour des professionnels de ce monde peu familier. Les ordres n’endurent pas l’équivoque ; tous seront donc répétés. Comme le temps presse, la langue sera précise, sèche, impérative. S’il y a consultation, elle devra tôt déboucher sur une décision. Si le commandant perd subitement ses moyens, la relève devra réagir avec la célérité et l’assurance que requiert la stabilité de l’autorité. En ce sens, le roman atteint ses objectifs : beaucoup d’action, le sentiment d’être admis dans une zone secrète et même l’impression de comprendre quelque chose aux complots tordus auxquels doivent se résigner les océans.