L’école serait-elle devenue une prison ? Et ce que l’on appelle communément « les plus belles années de la vie », une aliénante épreuve ? La lecture de la première œuvre de fiction de Mathieu Arsenault, Album de finissants, porte à le croire. Dans ce « récit fragmenté », des élèves du secondaire expriment tour à tour leurs préoccupations, et surtout, leur immense désarroi.
Flottant entre le désir de s’effacer (« je ne veux jamais devenir quelqu’un de spécial je veux rester avec toi dans l’insignifiant ») et celui d’afficher leur révolte (« moi je veux vous rentrer dedans »), les héros abattus de Mathieu Arsenault ressentent une profonde inadéquation avec le monde, qu’ils portent comme un fardeau : « […] je suis ridicule je me fais battre à la sortie de l’école et je suis ridicule j’ai de l’acné à couler rouge et blanc du visage et je suis ridicule tout le temps ridicule ». Dans le va-et-vient de leurs pensées transparaissent leurs principaux tracas : le poids – notamment scolaire – de leur présent, l’incertitude de leur avenir, les émois suscités par les premières expériences amoureuses et sexuelles. Tous rêvent et cherchent le répit dans une société obnubilée par la réussite et la performance.
Relevant de l’exploration formelle, Album de finissants constitue un livre original, d’un auteur habile et doué de finesse. Si les voix qui s’ajoutent les unes aux autres apparaissent plus ou moins distinctes, cette confusion donne à l’ensemble un souffle singulier.