Cet ouvrage s’inscrit dans la collection « l’Heure de la sortie », dirigée par Pierre Salducci et consacrée à la littérature gaie.
C’est un premier roman pour Pascal Delorme, écrit de façon poignante, parfois très cru, parfois très poétique, mais d’un constant équilibre, tout en rythme, stylé, habilement ponctué.
Le thème : une histoire d’amour entre Gabriel, artiste peintre, et Étienne, écrivain, deux jeunes hommes dans la vingtaine, beaux, fougueux, passionnément épris l’un de l’autre mais ébranlés par une terrible nouvelle : Étienne est séropositif.
Parce qu’il a peur, parce qu’il a honte, parce qu’il est totalement perdu et désespéré, Étienne choisit de retourner dans les montagnes du Bic, là d’où il vient, pour aller y finir ses jours, seul avec sa mère, sans traitement médical, sans Gabriel.
De son côté, Gabriel, abandonné à Montréal, décide pour exorciser l’absence, d’écrire l’histoire de leur relation. C’est la première partie du livre, celle où on assiste à la rencontre foudroyante, aux approches séductrices, aux sorties bien arrosées et bien fumées, aux inquiétudes jalouses, aux séances de baise solide… Enfin…
Disons que j’ai préféré le genre de chronique qui constitue la seconde partie, celle où Gabriel écrit des lettres qu’il n’enverra jamais à Étienne, celle où il crie sa douleur, son incompréhension, sa rage, son déchirement devant l’absence volontaire de son amour, devant le refus de vivre, d’aimer, devant la démission, la fuite.
Étienne finira par rompre le silence…
Je termine en disant que, dans cette plaquette d’à peine cent pages, il y a nombre de passages d’une grande beauté, d’une immense humanité, que j’aurais aimé retranscrire ici en entier, en particulier ceux où la mère silencieuse de Gabriel prend la parole pour guider son fils.