Singulier personnage que cette Valentine Chandrey qui fraternise avec les clodos sous les ponts de Paris, elle qui, pourtant, possède un vaste appartement quai Voltaire. C’est après sa rencontre avec Kevin, un petit voleur qui s’est introduit chez elle, que commence l’histoire de l’adolescente entêtée et effrontée des années 40 qu’elle fut.
Entre un père académicien âgé et une mère malade beaucoup plus jeune qui fut jadis une grande vedette de théâtre, Valentine traverse tant bien que mal — plutôt bien que mal, en somme — cet âge dit ingrat de l’adolescence. Mue par un désir de liberté, comme tous les jeunes de son âge, elle défiera l’autorité, se moquera des conventions et fera, tout compte fait, le difficile apprentissage de la vie : amitié et trahison, désir, amour et abandon. Devant son rêve de légèreté, les contrariétés et les injonctions ne feront pas vieux os. Astucieuce, audacieuse, téméraire même, elle n’hésitera jamais à passer outre aux interdictions. « C’est parce qu’elle sait déjà, cette Valentine de quinze ans et demi, qu’il faut couper sans pitié tous les morceaux pourris de la vie pour n’en garder que les moments bénis. » Mais, malgré sa grande détermination, la jeune Chandrey butera inévitablement contre la liberté des autres qui fera évidemment contrepoids à la sienne.
Entre l’adolescente qu’elle fut et la femme qu’elle est devenue, il semble y avoir peu de différence : Valentine Chandrey mène encore et toujours sa vie comme elle l’entend. Seule, elle maintient néanmoins avec son passé un lien par l’entremise de son premier amour, Baptiste. Cette présence surnaturelle la guide et lui tient désormais compagnie. Bien que Adieu, phénomène soit un roman qui ne renouvelle pas la forme, on le lit d’un trait.