Quand il est question de roman policier, souvent on s’imagine, à tort, qu’il s’agit d’un genre un peu monolithique dans lequel les auteurs ressassent inlassablement les mêmes formules : un meurtre, une enquête, la résolution par le futé de service, qu’il s’appelle Hercule Poirot ou Sherlock Holmes. Rien n’est plus faux. Le roman policier désigne une grande variété d’œuvres allant du roman de détection au roman dit noir, en passant par le thriller et le suspense, catégorie à laquelle on pourrait rattacher ce roman d’André Marois. Oublions la laideur de la couverture, ce récit tordu vaut largement le détour et mérite une place de choix parmi la trentaine de romans policiers québécois publiés dans la seule année 1999 (ce qui est probablement un record !). Par ailleurs, il m’est quasiment impossible de dire quoi que ce soit de l’intrigue sans risquer de vendre la mèche ou du moins de gâcher l’effet de surprise éventuel. Car surprise il y a, et une fois n’est pas coutume, je suis tombé dans le piège machiavélique tendu par André Marois. Certes, le style n’est pas extraordinaire, il serait même plutôt banal. Les personnages ont peu de consistance et, à la vérité, rendu à la fin de la première partie, j’étais toujours perplexe et intrigué. Perplexe, parce que je me demandais où tout ça pouvait bien mener, intrigué, parce que l’écrivain avait suffisamment semé d’éléments insolites, dérangeants et mystérieux pour que je souhaite en savoir plus, coûte que coûte ! C’est dans la deuxième partie que le lecteur va découvrir, avec les tenants et aboutissants de l’histoire, un vrai polar dans la tradition du roman à suspense tel que l’ont pratiqué le duo Boileau-Narcejac ou Ruth Rendell. Dans ce type de récit, il n’y a généralement ni flics, ni enquêtes, ni « privé » buveur de scotch et amateur de belles filles. Non, tout est dans la tête, dans les motivations tordues des personnages dont les desseins criminels cherchent à se réaliser dans des mises en scène diaboliques. Le bouquin refermé, à la réflexion, on trouve tout ça passablement invraisemblable et tiré par les cheveux… mais on a passé un fort bon moment.
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