L’écrivaine franco-ontarienne Maire-Andrée Donovan a été récompensée par plusieurs prix littéraires, dont le prix Émile-Ollivier 2006, le prix Champlain 2006 et le Prix des lecteurs Radio-Canada en 2005, pour son œuvre Les soleils incendiés, parue en 2004. Deux parutions et près de sept plus tard, elle reprend la plume, plus intense que jamais, et enrichit son récit initial d’une histoire : À l’ombre du silence.
Le livre raconte le temps qui file et les vies qui se perdent dans les non-dits et les souffrances qu’on enterre avec les jours qui passent. Les retrouvailles et les départs les plus déchirants sont la source des plus grandes émotions chez Donovan. Dans les deux récits, la narratrice porte d’abord un regard de petite fille sur la vie dans tout ce qu’elle a d’incompréhensible et d’incontrôlable. Puis une femme dans la cinquantaine fait le point sur son passé nébuleux. Elle recherche les endroits où elle a vécu, les personnes qu’elle a rencontrées plus jeune, tout pour lui permettre d’exister à travers ses souvenirs enfouis.
Dans les deux récits, Marie-Andrée Donovan traite du même thème, mais différemment : est-ce que l’écriture nous enracine dans notre existence ? La narratrice d’À l’ombre du silence s’enferme dans un mutisme inquiétant et ne vit que par l’histoire que ses auteurs (ses parents) inventent et veulent lui faire vivre. Dans Les soleils incendiés, Emmett se souvient douloureusement de la présence de son amie disparue, qui se concrétise dans la lecture de ses carnets personnels. Celle-ci n’existe plus que par les mots qui lui redonnent vie. Le livre présente une merveilleuse réflexion sur l’écriture, mais aussi sur ce par quoi se traduit l’existence passée par rapport à la présente.
L’écrivaine nous offre deux histoires criblées d’images poignantes derrière lesquelles se cache une autobiographie à peine voilée. Construit de la même façon dans les deux récits, chaque chapitre témoigne d’un fragment d’existence du personnage, aussi banal soit-il dans les fait, mais bouillonnant de tendresse, de souffrance et de naïveté. Le lecteur passe d’une époque à une autre, d’un événement à un autre, sans se préoccuper du dénouement, quasi nébuleux. Il se laisse entraîner dans ces parcelles de présent teintées de compassion. Parfois errante, l’écriture de Donovan reste cependant mature et profonde.