La génération X : une génération de sacrifiés ? de frustrés ? d’individualistes ? d’envieux ? Quelle contribution laissera‑t‑elle à la société québécoise ? Le sociologue et auteur Stéphane Kelly tente de répondre à toutes ces questions, et à d’autres encore, dans son essai À l’ombre du mur, Trajectoires et destin de la génération X.
Les aînés de cette génération sont nés au tournant des années 1960. Après avoir beaucoup critiqué les bébé-boumeurs, ils ont dû à leur tour tenter de définir un horizon politique pour le Québec. Selon l’auteur, les X ont fait face à un « mur », c’est‑à‑dire à de « nombreux obstacles qui sont venus briser l’élan que la génération précédente avait imprimé à la société ». Parmi ces obstacles, les principaux sont le culte du changement et la crise économique du début des années 1980. Cela a amené un sentiment d’insécurité. Les X sont nombreux à se voir condamnés à devenir des travailleurs flexibles et mobiles et à devoir adapter leur vie intime à cette réalité. C’est pourquoi « [l]a façon dont les X deviennent adultes, s’installent dans la vie et mènent leur vie privée est originale en regard des mœurs des générations passées ».
Devant le peu de place que leur fait le marché du travail, les X passent souvent de nombreuses années sur les bancs d’école. « [P]ourtant, ils ne possèdent pas de culture générale. Ils peinent à faire des déductions logiques, à identifier des penseurs célèbres, à évaluer le contenu scientifique d’une publication, à comprendre de simples articles de journaux, à utiliser la langue avec précision et éloquence, et à citer quelques faits élémentaires sur l’histoire de leur pays. » Ils sont donc amers envers le système d’éducation et les bébé-boumeurs en général. Ils en viennent à adopter une attitude de scepticisme devant les grandes utopies politiques, et finalement devant l’ensemble de la société québécoise.
Dans À l’ombre du mur, Stéphane Kelly a « inventé une méthode qui se voulait libre et expérimentale » pour dresser le portrait de la génération X. Certains de ses chapitres sont des analyses sociologiques, d’autres proposent des biographies fictives afin d’illustrer l’ingéniosité déployée par certains X pour affronter le « mur ».