François Bernard est un jeune journaliste de campagne. Il rapporte, dans La Sentinelle de Saint-Fabien, les petits événements locaux et régionaux. Rien là, on s’en doute, pour espérer remporter un prix de journalisme. En même temps qu’il est confronté à ses problèmes personnels, il est quotidiennement le témoin de la prétention de gens se croyant importants, et du désespoir et du commérage des petites gens. Il n’est donc pas étonnant qu’il fasse preuve d’un certain cynisme et qu’il soit tenté d’approuver son patron lorsque celui-ci lui répète ” qu’il [vaut] encore mieux mourir pour de bon, que de s’éterniser au paradis, entouré de centaines de millions de cons”. Pas étonnant, également, que l’univers dans lequel évolue le jeune journaliste apparaisse glauque et désespérant. Ses aventures, ou plutôt ses mésaventures sexuelles, sont décrites crûment et en détails, ce qui contribue à faire prendre conscience au lecteur du sentiment de désespoir qui l’habite. Par contre, l’auteur lève à peine le voile sur les origines des problèmes de son protagoniste, montrant fort habilement qu’il fait confiance à ses lecteurs pour comprendre le reste.
Tout n’est pas noir dans cet univers dans lequel évolue le personnage principal, qui se verra tendre la main par une jeune et jolie pharmacienne. Se laissera-t-il charmer par sa voix ou écoutera-t-il plutôt le bruit du train qui passe près de chez lui ?
En somme, À cause du train est un roman troublant et bien ficelé qui donne le goût de relire Daniel Boivin. À quand son prochain roman ?