Secret de Polichinelle, chez les historiens catholiques, que l’existence des frères et sœurs de Jésus, d’affirmer la romancière, reconnue pour ses recherches historiques minutieuses. Françoise Chandernagor, de l’académie Goncourt – que les Français ont surnommée « la star du roman historique », en raison de l’énorme succès remporté notamment par L’allée du roi (1981) et L’enfant des Lumières (1995) –, nous transporte en Palestine au temps de Jésus, puis dans l’Empire romain d’Orient du premier siècle. Jude, le septième et dernier enfant de Marie et Joseph, relate à la fin de sa vie le parcours de son frère Jésus jusqu’à sa crucifixion, puis les balbutiements et la propagation de la Voie après que des témoins eurent certifié avoir vu Jésus ressuscité des morts.
Comment départager faits historiques et fiction, se demande-t-on, judéo-chrétiens instruits du dogme de l’Immaculée Conception et de la virginité perpétuelle de Marie ? De la miraculeuse Ascension de Jésus ? De la papauté de Pierre ? Etc., etc. Après avoir laissé le lecteur se perdre dans les dédales de l’histoire des Juifs de la diaspora, les déplacements des disciples autour de la Méditerranée, les successions au trône de l’Empire romain, la galerie de personnages à l’identité changeante, la romancière consacre quarante pages en réponse aux interrogations surgies à la lecture des cinq livres du roman. Elle explique dans cette partie intitulée « Atelier de l’auteur » ce qu’ont attesté les historiens à l’examen des recoupements des textes canoniques, évangiles, épîtres, Actes des apôtres, textes apocryphes et manuscrits de la mer Morte. Fidèle à l’histoire, jusque dans le style d’écriture conforme à celui des textes bibliques, elle comble les vides là où les textes parlent peu, tout en respectant l’esprit de l’époque et de l’entourage de Jésus.
Vie de Jude frère de Jésus décape l’histoire des débuts du christianisme, en l’inscrivant dans la réalité d’une région à une époque donnée. Si l’histoire perd de son mystère, elle gagne en vérité. Mais trop de détails et de personnages sporadiques risquent de produire l’ennui, auquel cas il est préférable de se rendre directement à la page 349, à « L’Atelier de l’auteur », partie des plus intéressantes qui permet de départager histoire et fiction et, bien plus, de comprendre l’adaptation du style au sujet et à l’époque, un travail de virtuose.
VIE DE JUDE FRÈRE DE JÉSUS
- Albin Michel,
- 2015,
- Paris
388 pages
32,95 $
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