Si l’on désespère du genre humain avec quelque allégresse – il y a un confort chez certains à ne voir dans les êtres et les choses que leurs côtés négatifs –, on ne sera pas rebuté, comme je l’ai été, par les deux premières nouvelles de ce T.C. Boyle. Cet étalage de machisme primaire et de misérabilisme, réaliste sans doute malheureusement, m’a remis en mémoire les impressions pénibles laissées par Short cuts, ce film encensé de Robert Altman d’après des nouvelles de Raymond Carver. La suite des Histoires d’amour de T.C. Boyle s’avale un peu mieux, même si le propos conserve toute son acidité. On ne peut s’empêcher de goûter l’efficacité du trait qui décrit, sans aménité aucune, en les accusant plutôt, les comportements les plus excessifs, les aberrations les plus consommées qui, malgré leurs aspects invraisemblables – l’exagération pour le bonheur de l’écriture est évidente –, font référence aux tendances infantilisantes ou ridicules des sociétés actuelles sous influence américaine. Le talent de l’auteur atteint des sommets dans cette série de satires dont certaines peuvent faire rire, même si elles s’achèvent pour la plupart dans la démission des quelques personnages qui semblaient à peu près « normaux ».
Si l’on veut s’amuser aux dépens d’autrui, voilà donc le livre à choisir, mais gare à soi, personne n’est à l’abri de ce type de vivisection !