De tous les poètes québécois, Émile Nelligan (1879-1941) est certainement celui dont l’œuvre a été la plus rééditée et la plus lue. Écrite sur une brève période, à la fin du siècle dernier, elle continue de hanter l’imaginaire des poètes et des lecteurs contemporains.
Admirée, analysée, chantée, cette poésie, qui tient à la fois du romantisme et du symbolisme, propose une synthèse personnelle des mouvements littéraires de son époque, tout en présentant une ouverture sur la modernité du siècle qui verra sa fortune littéraire s’affirmer.
Le poète du « Vaisseau d’or » vogue donc depuis déjà longtemps dans l’horizon d’attente des lecteurs de poésie. Qu’ils soient jeunes, poètes eux-mêmes ou simplement curieux, tous connaissent ce poème qui semble condenser le destin tragique du poète, tout en donnant une idée noble de l’aventure poétique comme idéal de vie et réalisation de soi. C’était « un grand Vaisseau taillé dans l’or massif », clame le poète à travers la tempête des années. C’est ce souvenir, cet « imparfait », qui surnage au-dessus du naufrage, celui du poète et de son droit à l’expression entière de ses intuitions poétiques, celui aussi du rêve qui doit affronter la dure « réalité à étreindre » comme l’a pressenti également Rimbaud son frère de sang. C’est peut-être là une des constantes de l’attraction produite par Nelligan, l’homme et l’œuvre, sur plusieurs générations successives de lecteurs, que de dire et affirmer comme une nécessité un désir « massif » d’être, d’exister et ce jusqu’au risque de « sombrer dans l’abîme du Rêve ». Le célèbre sonnet « révélait des trésors » que nous n’avons pas fini, loin de là, de décoder et de réinvestir. N’est-ce pas là d’ailleurs une des caractéristiques de la poésie que de se prêter, enrichie, à de nouvelles interprétations surgissant d’époques et de besoins différents ?
L’image mythique du jeune poète rêveur et mélancolique n’est pas sans jouer un rôle catalyseur qui contribua au succès et à la pérennité d’une œuvre que l’on réactualise de diverses manières chaque fois que le besoin de se l’approprier ou que des contextes sociaux ou esthétiques neufs l’exigent. Depuis un siècle, Émile Nelligan a été chanté : Monique Leyrac, Félix Leclerc, Lucien Francœur, Claude Dubois, Nicole Perrier, Alberto Kurapel ; recréé, sur les paroles de Michel Tremblay et la musique d’André Gagnon. Émile Nelligan a été évoqué en peinture par Jean-Paul Lemieux et Pierre-Yves Bougie, analysé par Paul Wyczynski et Jacques Michon. Sa vie a été romancée par André Vanasse et Réjean Ducharme ou réinventée au cinéma par Robert Favreau en 1991. Bref, son image ne cesse de susciter de la fiction, de faire – et ce par et au-delà du drame existentiel du poète – rêver.
Poète, pur symbole, au-dessus de la mêlée, Nelligan parle d’enfance, de musique et de tristesse. Universelle au point de toucher l’intime question de l’être, sa poésie plonge dans le « rêve » et y trouve de vivaces racines. Lui qui rêvait « de faire aussi des vers célèbres », a atteint pleinement son but et incarne, justement, ce désir réalisé, au-delà de l’échec humain, dans la gloire et dans l’histoire littéraire, là où « l’albatros » baudelairien reprend tout son envol, agile et souverainement libre dans la « grande majesté de la Nuit qui murmure » (« Nuit d’été »). Nelligan le rêveur est devenu, traversant diverses métamorphoses, le rêve même de Nelligan : la Poésie, avec sa majuscule initiale qui est empreinte de douleur et suggère une légèreté musicale sereine. Il est le « Presque Berger » de son propre mythe, celui qui écrit : « Le clair de lune ondoie aux horizons de soie : / Ô sommeil ! donnez-moi votre baiser de joie ». Son œuvre éveille le goût pour la poésie. À cet égard, Nelligan demeure un des poètes les plus lus et les plus appréciés par les jeunes Québécois, leur recherche identitaire ne trouvant souvent de réponse que dans cette précaire mais haute vision d’une réalisation de soi à travers un idéal, fût-il tendu jusqu’à l’excès dans le « regret de vivre et l’effroi de mourir, / et d’espérer, de croire et de toujours attendre ! »
Un mythe en mutation
Nelligan dans tous ses états1 de Pascal Brissette est un essai qui justement tente de saisir les métamorphoses du mythe, comment, entre la célèbre préface de Louis Dantin (1904), qui demeure un modèle générique des études nelliganiennes, et l’essai teinté de psychanalyse qu’a signé Jean Larose, Le mythe de Nelligan (1981), le poète comme figure, texte et fantasme n’a cessé d’être réinterprété et servi à toutes les humeurs, dont les pôles oscillent entre Nelligan, chantre de la modernité, Nelligan, modèle emblématique des déviants, des rebelles, ou Nelligan, génie fou et la victime de la fermeture d’une société peu portée sur les arts et l’expression libre. Pour Pascal Brissette, la force du mythe vient du fait que l’on puisse y puiser de nouvelles significations, parfois contradictoires, parfois fantaisistes, mais dont les traces demeurent toujours vivaces. Pour l’auteur, Nelligan est un mythe, « c’est-à-dire un dispositif narratif, un récit motivé (Barthes), ayant pour fonction d’expliquer le monde ou de relater la création d’une chose (Eliade), admettant les contradictions, les oppositions, permettant la réconciliation dans le désaccord (Étiemble) ; un récit sans cesse en voie d’écriture, ou plutôt une histoire sans cesse réécrite, toujours ‘actuelle’ et ‘vraie’ – ce qui est un autre aspect du mythe selon Eliade –, toujours pourvue d’une grande force explicative ».
Mythiquement, Nelligan rêve de « faire des vers célèbres » et ce rêve est reconduit à travers les rééditions successives et les nombreuses relectures tout en nuances ou en opposition. Folie, génie, beauté, jeunesse, ces éléments symboliques s’enchevêtrent, formant une formidable source de diffusion du mythe justement. Une chose demeure, Nelligan comme figure fantasmatique régénérant sa propre présence dans les imaginations est à l’œuvre depuis un siècle. Avec Pascal Brissette nous prenons conscience qu’il y aura d’autres révisions, d’autres entrées dans cette œuvre qui est « un mythe national ». Il n’y aura donc pas de « dernier Nelligan », pas de conclusion définitive, exhaustive ; plutôt pointant à travers les textes, l’imaginaire populaire, les études, entre les chansons et les discours savants, les traductions, les thèses et les propos naïfs, un nouveau Nelligan naissant, à naître, œil gris voguant « vers des ciels toujours bleus ». S’attaquer au mythe, tenter de le détruire, peut même selon l’analyse de Pascal Brissette produire l’effet contraire à celui qu’on recherche et remythifier l’objet, le rendant encore plus attrayant, plus riche de possibilités.
Ainsi, l’histoire de la poésie de Nelligan et la vie de Nelligan poète sont un hymne au recommencement « Qui musicât ces vers et perpétuellement » les réinscrit dans la trame de l’histoire littéraire et sociale, du Québec d’abord, puis de plus en plus dans un réseau de signes internationaux, fait qui se remarque par les nombreuses traductions récentes (en espagnol, italien et portugais entre autres) et les rééditions à l’étranger dont deux éditions de poche en France (collection « Orphée », éditions La différence et « La petite vermillon », aux éditions La table ronde, en 1998). Louis Dantin, Jean Larose, Michel Tremblay, les préfaciers, les analystes passeront, alors que Nelligan
Dans la « Conclusion » de son essai, Pascal Brissette écrit sur un ton presque enjoué que « tout le monde, en bout de ligne, a des raisons de parler de Nelligan ». Cette affirmation explique en quelque sorte une certaine souplesse dans les analyses, par ailleurs bien menées, des travaux de Louis Dantin à l’opéra de Michel Tremblay, en passant par l’essai de Jean Larose, le théâtre de Normand Chaurette, les textes de François Hertel ou les dérives plus fantaisistes de Bernard Courteau dans son Nelligan n’était pas fou ! (Louise Courteau, 1986). Les commentateurs de Nelligan sont « dans tous [leurs] états » face à cette image fuyante qui les fascine ou les fait s’interroger.
Retour à l’original
L’édition critique de la première édition des poésies de Nelligan intitulée Émile Nelligan et son œuvre2, a été préparée par Réjean Robidoux qui voue un véritable culte autant à Nelligan qu’à son préfacier Louis Dantin. Avec minutie, cette édition rend compte de la difficulté qu’a présentée l’établissement du texte nelliganien ; elle trace des pistes d’une infinie délicatesse qui permettent de pénétrer ce livre unique dont Nelligan justement rêvait, mais qu’il n’a pas lui-même conduit à terme. Pour Réjean Robidoux, Nelligan et Louis Dantin sont des complices dans cette œuvre incomplète parue en 1904 sous le titre énigmatique de Émile Nelligan et son œuvre. En préface à son édition critique parue dans la très belle collection de la « Bibliothèque du Nouveau Monde » aux Presses de l’Université de Montréal, Réjean Robidoux fait remarquer que la première parution de Émile Nelligan et son œuvre « fut favorablement accueilli [e] du public, mais la tendance était d’en attribuer tout le crédit au poète, en négligeant, sans particulière malice, ou en tenant simplement pour acquis, l’apport primordial du critique ». Réjean Robidoux se propose donc dans son édition critique de rétablir l’image d’un Louis Dantin « père et sauveur du poète Émile Nelligan ». Il analyse avec minutie la fameuse préface de celui-ci, pièce maîtresse en quelque sorte dans le dossier de l’établissement du mythe Nelligan en dehors de la poésie proprement dite. Louis Dantin écrivait : « ÉMILE NELLIGAN est mort. Peu importe que les yeux de notre ami ne soient pas éteints, que le cœur batte encore les pulsations de la vie physique ». À ses yeux peu importait tout ça, et la vie et le réel ; désormais le poème et le poète étaient indissociables, unis dans l’idéal de la beauté et le « règne de l’Art ».
Petite anthologie oubliée
C’est dans le sillage d’une pareille entreprise qu’il faut peut-être feuilleter Franges d’autel3, revue orchestrée par le même Louis Dantin (Eugène Seers), rééditée en fac-similé pour le plaisir des bibliophiles et des curieux. On retrouve au sommaire de cette édition des poésies de Louis Fréchette, Albert Ferland, Arthur de Bussières, Lucien Renier et Louis Dantin alias Eugène Seers alias Serge Usène et bien sûr cinq pièces du jeune Émile Nelligan. C’est cette compilation qui a permis à Louis Dantin, alors âgé de 35 ans, de faire son entrée en littérature. Nelligan, pour sa part, s’y montre déjà tourmenté, grave, inquiet devant les mystères qu’il tente de déchiffrer. « Communiantes » et « réponse du crucifix » défilent dans ses poèmes sans l’apaiser. Il attendait à travers son petit vitrail que Louis Dantin rassemble ses poésies. La réédition de 1997 reproduisant maquette et dessins de 1900 donne un ouvrage délicat aux airs rétro, comme le souhaitent ses auteurs en dédicace : « une frange où l’or mêlerait l’étincellement de ses paillettes au dessin délicat et capricieux de la dentelle ».
En présentation à cette réédition, Réjean Robidoux écrit : « L’ouvrage semble s’être vite envolé. Devenu rare et jouissant de sa juste réputation d’étrangeté, il acquit avec le temps une véritable valeur mythique. » Les poèmes « aux teintes étranges » de « L’Hostie du maléfice », signés Serge Usène, fomentateur multiforme à peine voilé de cet hétéroclite projet éditorial, attendront presque un siècle pour nous rejoindre à nouveau. Cela donne un beau livre dans lequel se trame tout un paysage composite de la poésie québécoise du début des années 1900.
Un choix de poèmes
Dans la foulée des travaux de rééditions complètes ou partielles de l’œuvre de Nelligan, notons le Poèmes choisis/Le récital de l’ange4, choix et présentation de Jocelyne Felx, qui dans « L’âme peinte par le son » écrit avec justesse que « [p]ossédé d’un indéracinable désir d’écrire, aspiration contrariée par son père qui projette pour son fils une profession libérale, Émile Nelligan verra ses trois années de création se transformer au fil des mois en un long et pénible châtiment (elles furent sans doute au début d’une recréation). Hors la poésie, hors la jouissance et le désir de l’artiste qui lui rendent l’image du héros vierge et nu que sa seule expérience instruira peu à peu, rien ne semble capable de combler sa nécessité intérieure. » Des 52 poèmes choisis, se dégage une mélancolie orchestrée en un doux « récital » allant de la mélodie à l’angoisse, de l’enfance à un « vertige » tout intérieur : « Pour murmurer tout bas des musiques aux anges ». Selon Jocelyne Felx, « le jeune poète cherche des échos, affectionne l’agrandissement et le prolongement vibratoire qu’ils apportent à la sensation. L’écho renvoie en effet le son mais il l’enrichit en même temps de tout le trajet qu’il lui fait courir dans l’espace ». L’œuvre poétique de Nelligan est rejouée entre « Dolce » et « Espressione », en passant par « Minore » et « Poco Marcato », autres manières d’entrer dans le mystère de cette musique intime, à l’écoute du monde qu’elle crée formellement de poème en poème.
Des thématiques
Dans la collection « Les classiques québécois expliqués », paraît Une étude des Poésies d’Émile Nelligan5, par Réjean Beaudoin. Ici, le projet est plus pédagogique et propose une traversée des thématiques des poèmes pour donner des clefs d’accès à l’œuvre. S’ajoutent à cet ensemble des « sujets d’exposés et de débats », une bibliographie et des extraits de critiques. Si ce petit ouvrage ne renouvelle pas les études nelliganiennes, il offre l’intérêt d’une explication concise et informée pouvant orienter les recherches des étudiants à travers les « lieux et objets hantés » de la poésie de Nelligan, en répondant aux questions : « Pourquoi Nelligan mérite-t-il toujours d’être lu ? Comment doit-on le lire ? » En 1996, Réjean Beaudoin avait signé une postface à Poésies paru chez Boréal dans la collection « Compact classique », dans laquelle il demandait déjà : « Comment imaginer ce que serait la littérature québécoise sans cette œuvre ? »
Des poèmes à explorer
Le Vaisseau d’or et autres poèmes6 préparé par Luc Bouvier répond sensiblement aux mêmes attentes, mais en plus complet, donnant à la fois des références précises aux textes et des pistes d’analyse qui ouvrent l’œuvre à une interprétation qui soit autant de l’ordre de l’histoire littéraire que purement textuelle. Ici plus de poèmes, plus de notes et de pistes de lectures. L’écriture nelliganienne y est abordée avec finesse, cette présentation faisant plusieurs liens avec l’époque et d’autres œuvres comme celles de Verlaine, Rollinat et Poe dont on nous dit que Nelligan en 1899 « lit et relit les contes fantastiques et les poésies ». Pour le professeur Bouvier, l’œuvre de Nelligan demeure un carrefour de significations qui ne demandent qu’à être découvertes tout autant que ressenties ou codifiées. Dans le chapitre « Être poète au Québec au XIXe siècle », il écrit : « Au Québec, à la fin du XIXe siècle, être poète s’avère difficile. Le lectorat est de peu d’importance : en effet, 26 % des adultes ne savent pas lire. Les conditions de vie et de travail de la classe ouvrière sont déplorables et font de la lecture un luxe. L’Église, qui gère la plupart des bibliothèques publiques, et la quasi totalité des institutions scolaires, censure tout ce qui va à l’encontre de son idéologie. L’école ne joue pas son rôle de transmetteur du goût littéraire. »
Dans ce contexte sclérosé, exprimer un désir d’écrire de la poésie et d’être poète relève, on le devine bien, de la provocation. Nelligan affrontera sa famille et son milieu, au risque même de sa liberté. Société fermée à l’art comme à la nouveauté des choses, le Québec d’il y a un siècle allait faire la sourde oreille à ce premier moderne qui voulait faire entendre la musique de vers issus de la pulsion irrésistible de chanter « Vive le vin et l’Art ! ».
Le petit ouvrage de Luc Bouvier, Le vaisseau d’or et autres poèmes, aux visées pédagogiques, est très bien documenté. Précis, riche en illustrations, il offre une excellente introduction à l’écriture poétique de Nelligan, tout en laissant place à d’autres investigations plus personnelles. Le mérite de l’ouvrage demeure que les poèmes sont là comme œuvres à explorer, centre et signe dont il faut décrypter les sens multiples et non comme figure didactique démontrant l’existence du style et son appartenance à des courants littéraires. Les thèmes du rêve, de l’idéal, de l’enfance et de la musique y sont à nouveau explicités et une bibliographie, une discographie et une filmographie complètent l’ensemble.
L’auteur du « Vaisseau d’or », sa vie fracassée, son œuvre elliptique, n’ont pas fini de nous faire rêver. Ah ! « de se savoir poète et l’objet du mépris » Et pourtant Nelligan continue à travers ses poèmes sans cesse réédités, par la fulgurance de ses intuitions, à nous garder l’œil bien ouvert sur l’émerveillement premier des mots. Ses poèmes rêvent toujours. À ceux dont la quête ne s’interrompt jamais, ils parlent encore, par les grands soirs d’hiver, des musiques de l’enfance et de cryptes lointaines. On relit « Devant le feu », où des « portraits » anciens évoquent, « funèbres », les élans tourmentés d’un jeune poète québécois du siècle dernier poursuivant, « rêveur qui passe », un essentiel entretien avec la vie et le temps.
1. Nelligan dans tous ses états, Un mythe national, par Pascal Brissette, « Nouvelles études québécoises », Fides, Montréal, 1998, 225 p. ; 23,95 $.
2. Émile Nelligan et son œuvre, par Émile Nelligan, édition critique par Réjean Robidoux, « Bibliothèque du Nouveau Monde », Les presses de l’Université de Montréal, Montréal, 1997, 293 p ; 38 $.
3. Franges d’autel, réédition en fac-similé, présentation par Réjean Robidoux, « Cahiers du Québec/Documents littéraires », HMH, 1997, 126 p. ; 16,95 $.
4. Poèmes choisis / Le récital de l’ange, par Émile Nelligan, choix et présentation par Jocelyne Felx, « Ovale », Noroît, Saint-Hippolyte, 1997, 102 p ; 12 $.
5. Une étude des Poésies d’Émile Nelligan, par Réjean Beaudoin, « Les classiques québécois expliqués », Boréal, Montréal, 1997, 110 p ; 7,95 $.
6. Le vaisseau d’or et autres poèmes, par Émile Nelligan, textes explicatifs et appareil pédagogique par Luc Bouvier, « Grands textes de la littérature québécoise », CEC, Anjou, 1997, 224 p. ; 8,95 $.