Le Nord m’inspire. C’est là que je ressens de la façon la plus aiguë ma vie, comme la Vie en général, c’est là que devant la question « Pourquoi n’y a-t-il pas rien au lieu de toute cette vie qui m’entoure ? », je pressens certains éléments de réponse. Je ne dis pas que je résous au Nord quelque problème existentiel, mais c’est là qu’il me semble m’approcher le plus du Sens, comme c’est là qu’il me semble m’éloigner le plus du non-sens. Pourquoi ? Je ne sais trop. Voilà un mystère, et ce mystère me pousse à écrire.
Dans le Nord, j’aime inspirer, j’aime l’air qui m’entre par les naseaux. Dans le Nord, j’ai envie de voler. C’est l’impression qui m’habite dès que je me pose dans la toundra, et cette impression, elle est si forte qu’elle devient source d’écriture. J’ai alors envie de partager mon goût de vivre, j’ai envie de parler de ce qui m’arrive, car il me faut parler afin de recevoir d’autres paroles.
Ce que j’ai éprouvé, la première fois que je suis monté dans le Grand Nord, c’est un vaste sentiment d’aspiration. Descendu sur le tarmac de l’aéroport de Puvirnituq, j’ai aspiré tout l’air que je pouvais. Je m’en souviens comme si c’était hier, il faisait nuit, il nous avait fallu quatorze heures pour arriver à destination, changeant d’avion par trois fois, nous demandant, à mi-chemin entre Montréal et Puvirnituq, à Kuujjuaraapik plus précisément, si le pilote parviendrait à faire décoller le minuscule Twin Otter dont les hélices paraissaient figées pour l’éternité. Nous étions enveloppés dans nos parkas, tout à fait comme pour partir en expédition. Le commandant de bord claquait des dents. Il a appuyé sur un bouton : rien. Les batteries s’étaient enfoncées dans le pergélisol. Il a fallu une autre batterie, trouvée dans un cabanon chauffé, pour que nous puissions décoller, reprendre l’air, voler. Plus tard, à Puvirnituq, j’ai aspiré tout l’air froid qui régnait, j’ai aimé respirer. Et depuis, à chacun de mes voyages, six, huit ou dix fois par année, c’est la même sensation puissante : j’aime respirer, en hiver surtout. C’est la puissance des pôles qui emplit mes poumons à grandes goulées, qui se répand comme un blizzard jusqu’au plus intime de moi, dans ce que j’ai de plus impénétrable, mon âme. Quand une pareille expérience vous arrive, vous pensez : tiens ! voilà bien la première fois que je respire vraiment ! Si on donne des cours de yoga à travers le monde pour que les gens prennent conscience de toute l’importance qu’il y a de respirer, tout simplement, moi, dans le Nord, j’ai longtemps « yogisé » sans le savoir, et depuis, je lévite, je lève de terre, emporté. Par moins quarante-deux, en janvier, il n’y a pas d’oies blanches ni de nirliq1. Il n’y a que des corbeaux géants qui osent affronter pareille plongée dans l’hiver.
Ce qui m’inspire d’abord dans le Grand Nord, c’est sa nature. C’est le Nord sans les humains qui m’émeut en tout premier lieu. Je regarde le paysage, le désert, les lacs peu profonds, quelques collines basses, des roches nues à perte de vue, l’été, ou la neige et l’espace de grisante poudrerie, l’hiver, et j’aime, j’aime avec la tête, mais j’aime tout autant avec les tripes. J’aime me retrouver dans le désert, je l’aimerais même s’il était mort, même si c’était la Lune, mais le désert nordique n’est surtout pas fait de mort, végétale ou animale. La Vie habite le Nord. Les vies y sont omniprésentes, bien que ce soit par à-coups qu’elles se manifestent, par grandes bourrasques aussi. Au premier contact, on se dit qu’il n’y a rien. Soudain, dans le détour d’un sentier, au bout d’un chemin, apparaissent les caribous, une dizaine de bêtes, ou parfois un petit troupeau, parfois un mâle isolé, parfois un veau égaré qui a perdu sa mère et que les loups assailleront au petit matin. Parfois, c’est cent, c’est mille, c’est dix mille têtes qui passent et paissent et repassent et se repaissent de lichen, traversant les cours d’eau et les garnissant de leurs poils, de leurs excréments, de leur semence.
L’été dernier, le long de la Povungnituq, de longues traînées grisâtres faisaient penser à de l’écume de mer. Elles ornaient les rives du cours d’eau qui avait beaucoup baissé pendant les semaines de canicule. Ces traînées étaient faites d’une interminable masse de poils de caribous, de trente centimètres d’épaisseur et de plus d’un mètre de large, s’étirant à perte de vue. Une partie des 250 000 caribous du troupeau de la rivière aux Feuilles était passée par là, avait traversé le lac et la rivière alors que les bêtes muaient, abandonnant leur pelage au paysage. La toundra est un lieu de haute vie, et cela m’excite, cela m’inspire.
Dans la toundra, je suis encore plus libre que lorsque, adolescent, je parcourais en canot tout un réseau de lacs et de rivières, au nord de Québec, avec des amis, lorsque je découvrais qu’en dehors de la ville, il existe une nature foisonnante qui ne demande qu’à être parcourue, connue, aimée et protégée. Dans le Nord, avec ses animaux et ses petits fruits, avec ses grands voiliers d’oiseaux et ses rapaces, je me sens libre, libre comme jamais je ne me suis senti, en dehors du temps présent et des règlements, en dehors des réseaux informatiques ou informatifs. De fait, je me sens comme le premier homme, premier sur la première terre, et même si mon cerveau raisonnable m’oblige à ne rien oublier de ma vie passée, je marche dans la toundra tout en la découvrant, à chaque pas, comme si je la vivais pour la première fois, cette sensation étant encore plus puissante qu’en forêt où les arbres empêchent de voir l’horizon et d’être ainsi capté par cet horizon, encore plus qu’en mer où la marche est impossible, où les vagues et les houles imposent constamment leur loi. Dans la toundra, l’humain peut régner, mais dans la mesure où ce règne s’avère d’une infinie fragilité. Car la toundra ne pardonne aucune faiblesse. On s’y égare facilement, comme dans tous les déserts. Les points de repère ne sont jamais évidents. Dès que le froid commence son travail de sape, pourtant si fondamental, l’humain doit user d’intelligence, ne jamais oublier ses plus profonds instincts, ceux dont dépendent sa survie. Un seul faux pas et la toundra gagne la partie. C’est ce combat qui m’inspire, cette obligation de tout préparer, de tout penser, de tout soupeser avec la raison ratiocinante, mais aussi avec l’irrationnelle intuition. Lorsqu’on pense que d’autres humains ont habité ce lieu non pas comme de simples voyageurs, mais qu’ils ont vécu à fond et depuis des millénaires au sein d’un environnement si hostile, on a envie d’en savoir plus, on a envie de connaître ces humains qui ont gagné jusqu’à présent la bataille de la survivance.
La civilisation inuit, avec son passé de kayacs et d’iglous, constitue une autre raison d’être inspiré par le Nord. Cette civilisation se trouve aujourd’hui en plein cœur de la modernité. Elle se bat pour émerger d’une zone grise dans laquelle elle a été plongée depuis cinquante ans et plus. Le Nunavik constitue le centre de ma rêverie nordique, rêverie née de mes projets adolescents, rêverie qui a grandi avec mon goût pour l’aventure et pour les grands espaces, rêverie liée aussi à mon plaisir de m’intégrer dans le monde villageois, monde qui transgresse plusieurs des règles urbaines que j’aime bien voir transgressées, parce que ces règles sédentaristes ne me conviennent pas vraiment, trop éloignées qu’elles sont de ma vision du monde nomade et libre, et, j’ose le dire, un brin anarchiste. Les nomades du Nord tentent à tout prix de créer ce qui ne l’a pas encore été. Incapables d’assumer complètement les lois, règlements et façons de faire qui viennent du Sud sans se nier eux-mêmes, culturellement, les Inuits ont tout à faire pour préserver leur langue et leurs coutumes. Les Inuits n’ont pas eu le choix de s’accommoder des intrusions de la scientificité occidentale. Du même coup, ils ont dû apprendre la langue dominante, l’anglais, puis le français parce que, pour plusieurs d’entre eux, parler une troisième langue ne pose pas de problème. La société inuit compose avec le monde contemporain un peu comme un écrivain compose avec sa feuille blanche. Elle a cependant plus que jamais le devoir de rester créatrice, sinon elle s’éteindra en se fondant aux forces globalisantes qui ne cherchent qu’à restreindre, sinon à annihiler, tout ce qui est marginal ou différent, nomade ou anarchiste.
Dans le Nord, je suis inspiré par certains personnages comme par certains objets. Le plus bel objet que j’aie vu dans ma vie est un kayac, trouvé un jour sur les rives de la Povungnituk, à son embouchure. Les membrures étaient faites de tiges d’aulnes, mais toutes cassées, le bordé bâti en bois de grève. Plusieurs peaux de phoques recouvraient la partie avant de cette beauté qui gisait sur la mousse, brisée par de grosses pierres. J’ai ramené le kayac au village, au risque de m’embourber à jamais avec mon véhicule tout-terrain. J’ai ensuite fabriqué une longue boîte en contreplaqué. J’avais l’idée de faire réparer ce kayac au Sud. Pourquoi ? Je ne sais trop. Je me suis imaginé en train de pagayer sur le gigantesque Saint-Laurent, dans le kayac qui aurait été remis en état par une amie ébéniste. On m’avait dit que je pouvais garder cette épave, qu’on ne savait pas grand-chose de son propriétaire. J’ai alors pensé que, de toute ma vie, jamais je n’aurais possédé quelque chose de si pur, de si élégant, de si parfait, tout démantibulé qu’il fût. Mais quelques heures à peine avant qu’un cargo le charge dans ses soutes, un ami inuit m’a rappelé que dans la toundra, toujours, tout appartient aux Inuits. Un outil peut être brisé, abandonné depuis vingt ans, toujours, il revient à son créateur. Ce kayac appartenait en effet à un dénommé Tomasi Sivuarapik, traditionaliste qui a plusieurs fois gagné la course de traîneaux à chiens entre Umiujaq et Puvirnituq. J’ai dû rendre le kayac à son propriétaire, bien sûr. Mon ami ayant parlé en mon nom, je n’ai pas été considéré comme un vulgaire voleur, mais un peu plus…
Le Nord m’inspire parce que là, plus qu’ailleurs, tout est proche de la création, parce que tout peut y être plus primitif aussi, même avec les défauts inhérents au primitivisme. Bien que les soûleries de la fin de semaine conduisent aux pires exactions et aux pires flambées de violence, il est encore possible de parler de fatalisme positif en pays inuit. Cette société profite d’une ancestrale vision du monde. Là, on ne se bat pas indûment pour garder en vie un petit pou lancé trop tôt dans l’existence. La poussée démographique au Nunavik est telle que plusieurs valeurs y sont tout à fait comparables à celles de bien d’autres sociétés en voie de développement.
Je suis inspiré par le Nord parce que je me trouve alors en plein pays en voie de développement. Cela m’aide à créer. Cela me permet de rester dans le sens du monde. C’est dans cette espèce d’état de grâce que je marche, que je pêche ou que je fais cuire du poisson. Heureux, j’arrive ainsi à tolérer mes voisins, mes amis, moi-même. Le sentiment d’harmonie qui m’habite donne un sens à mon non-sens, faisant de moi le parfait contraire de ce que je suis quand j’erre dans certaines grandes cités, là où la transcendance semble avoir été rasée en même temps que la majorité des arbres.
J’aspire au sens du Sens, voilà ma quête existentielle, et pour des raisons difficiles à expliquer, je trouve une partie de ce sens dans le Nord, au sein de la civilisation inuit, certes, mais aussi avec des compagnes et des compagnons, Qallunaat tout comme moi, c’est-à-dire des étrangers venus du Sud, pas nécessairement des Blancs, mais aussi des Asiates d’origine, des Mexicains, des Haïtiens, des gens du Bénin, tous aventuriers venus chercher au Nord un sens à leur vie. Le sens n’est pas si facile à déceler dans le monde sophistiqué des conurbations du Grand Sud.
Tâter du Nord, aujourd’hui et maintenant, au Nunavik en particulier, c’est aborder une culture qui connaît ses racines et son passé, mais qui se trouve obligatoirement tournée vers son avenir et qui regarde, qui tâtonne, qui s’interroge. Et cet avenir est fait de machines, de télévision, d’avions, d’ordinateurs et de cinéma. Le Nord représente un lieu de transition. Le Nord est le pays qui relie le pôle à l’équateur. Le Nord, c’est l’Asie en Amérique, c’est l’esprit asiate confronté avec l’ordonnance cartésienne, c’est le passé des grands gels face au réchauffement de la planète.
Au Nord, les Inuits possèdent encore leur terre et, d’une certaine manière, la mainmise sur leur état d’esprit. Leurs sources vitales viennent du plus profond des âges. Ces gens sont de la race des survivants, il vaut la peine de le rappeler. Il serait improbable qu’ils ne trouvent plusieurs façons d’affronter avec dignité les agressions futures. Au Nord, on jongle avec des règles immémoriales. Au Nord, les règles sont d’essence plus nomade et collectiviste, bien que plus brutes et plus primitives, plus proches d’une certaine folie. Mais la folie est parfois souhaitable, surtout quand elle contrebalance les poussées de la raison dominatrice.
Au Nord, j’aspire à respirer, chaque instant, chaque seconde et plus à fond, comme si les plus brefs moments valaient des mois. Et je ne respire bien que dans le silence. Les silences du Nord font partie de ce qu’il y a de plus majestueux sur Terre. Pourtant, la vie dans les villages nordiques peut être infernale. Le bruit, la nuit, à cause des véhicules tout-terrain et des motoneiges, devient facilement intolérable. Plus affolants sont certains soirs sur les chemins du village de Puvirnituq que le long des grands boulevards de Montréal. Il y a certes de l’hystérie au Nord. Parfois, la seule solution consiste à repartir. Il ne reste alors qu’à faire ce que les nomades ont fait depuis des millénaires quand ça ne va pas dans un lieu, quand il n’y a plus de gibier ou que la guerre gronde : on se déplace, seul ou en bande, et on cherche ailleurs.
Un beau jour, on part. On se retrouve près d’une rivière. On bénit le silence du lieu. On construit un inukshuk pour montrer à tous que là, le silence est roi. On le construit aussi pour retrouver sa route quand on repassera et pour montrer que la respiration en ce lieu en valait la peine, que de cette aspiration, on peut être inspiré, au point qu’on a envie de parler du silence. C’est le lot des poètes de parler, bien que les musiciens leur recommandent souvent de se taire pour mieux écouter. Mais quand on sait que toute musique est langage, on parle et on écrit, on dit ce qu’on a envie de raconter, et l’on parle même de ce qui doit être tu, du silence, par exemple, se plaisant à professer que l’âme a autant besoin de silence que d’espace pour voler. C’est dans le Nord que l’âme humaine comme l’Âme du monde sont les plus perceptibles, que le Sens devient le plus évident.
Pourquoi chercher le Sens ? Parce qu’on a l’impression de l’avoir perdu, ou parce qu’on doute de son existence. Quand on est jeune et qu’on se rend compte que le plus grand des combats de sa vie sera de se battre contre l’idée du néant, et contre le néant lui-même, il ne faut pas se surprendre que la recherche du Sens finisse par prendre autant de place. Et comme dans toute quête majeure, chercher n’entraîne pas que des bonheurs ; il y a des ruptures, des peines d’amour, des vies qui basculent, des risques de guerre, des incompréhensions et des rudoiements ; il y a de la haine, de la haine tournée contre soi-même et contre les autres.
Devant le possible néant du monde, je cherche le Sens. Dans certaines situations, aux extrêmes de l’Extrême, j’ai le sentiment que l’Esprit parle à mon esprit, dans le plus grand silence. Mais ce que j’éprouve n’est toujours qu’un sentiment ; jamais je n’ai de preuve. Rien ne se prouve dans le monde de l’Esprit. Tout reste dans l’ordre de l’épreuve et de l’éprouvé. Pourtant, parfois, je sens que le Sens est là, à portée de moi, par très grand froid en particulier. Face à la souffrance physique, l’âme se matérialise, on la sent entre ses côtes, elle placote, elle se manifeste, elle rassure, elle dit que les humains ne sont pas que des fanatiques, elle affirme que la matérialité n’est pas tout, elle annonce l’existence du monde de l’Esprit.
Quand on part en quête, pour le Nord ou pour ailleurs, quand on part en tant que voyageur et non comme touriste, c’est pour trouver le sens, Dieu peut-être, Dieu qui est Sens, car Dieu existe, même pour les bouddhistes qui vivent leur religion auprès d’un Dieu plus intérieur qu’extérieur, car dans le lieu de l’Esprit, en dehors des grands préceptes et des discours, au delà des terminologies, tout se rejoint dans l’Ultime, face aux grands froids qui réchauffent. C’est au sein de l’Âme du monde que les paradoxes se résolvent. Là, il n’y a plus qu’une seule parole, et cette parole permet d’accéder au Verbe, au commencement et à tous les recommencements. La mort elle-même prend alors tout son sens. Car si, au début, on avait l’impression que seule la vie comptait, les contours d’une Plus-que-Vie apparaissent tout à coup, parce qu’on ne crève pas en pleine expédition, parce qu’on finit par retrouver sa route, parce qu’un autre voyageur accepte de vendre une partie de son carburant, parce qu’un caribou qui trottinait par là accepte de donner sa vie au chasseur.
Mais tout est toujours à recommencer. Les humains ont le don de tout oublier. C’est ainsi que l’ordinaire de la vie reprend constamment sa place. On oublie que l’Esprit habite le monde. Tout doit être chaque jour réappris, ce n’est jamais fini. Les humains doivent nécessairement se préoccuper de manger. Ils doivent s’entre-éduquer et s’entre-soigner, c’est une nécessité. La santé d’un jour n’est jamais garante de la santé du lendemain. Il en va de même de la spiritualité : les humains doivent chaque jour refaire une prière à la vie, au souffle et à l’Esprit, de manière à ce que réapparaisse ce sens du Sens, cet appel d’au-delà de la mort qui demande la participation de la mort.
Je n’écris que pour trouver le Sens. J’écris, condamné à me battre contre les mots, comme je vis, condamné à me battre contre la vie elle-même, car c’est devant la mort que se trouve le plus grand Sens, la mort des mots comme la mort du texte, sa fin en quelque sorte, son dernier Sens, celui qui révèle que tout est à recommencer, éternellement.
Jean Désy a publié entre autres :
Un dernier cadeau pour Cornélia, XYZ, 1989 ; La rêverie du froid, La Liberté, 1991 ; Baie Victor, Septentrion, 1992 ; Voyage au nord du Nord, Le Loup de Gouttière, 1993 ; Docteur Wincot, Le Loup de Gouttière, 1995 ; La saga de Freydis Karlsevni, L’Hexagone, 1995 ; L’espace Montauban, La Liberté, 1996 ; Urgences, Un médecin raconte, La Liberté, 1996 ; Lettre à ma fille, Le Loup de Gouttière, 1997 ; Ô Nord, mon amour, Le Loup de Gouttière, 1998 ; Nunavik, carnets de l’Ungava, Les Heures bleues, 2001 ; Le coureur de froid, XYZ, 2001 ; Du fond de ma cabane, Éloge de la forêt et du sacré, XYZ, 2002.