Les lecteurs de José Saramago connaissent bien ses phrases sinueuses, ses dialogues déjantés où le changement d'interlocuteur se limite à des majuscules soudain insérées dans le texte, le foisonnement d'idées et de clins d'œil, la truculence un peu baroque du style, l'intelligence aussi, la finesse, l'ironie. À ce titre, le dernier roman1 du Nobel portugais ne devrait pas les décevoir.
Ajoutons à ces attributs cette habitude de Saramago d'intervenir sans cesse dans son histoire, à titre d'auteur plus que de narrateur souvent, brisant le fil du récit comme pour mieux appeler le lecteur à ses côtés, l'invitant à regarder et à construire avec lui l'histoire qui se déroule un peu au hasard, lentement, au rythme des hommes et des femmes qui l'habitent et la construisent eux aussi, en même temps que nous. Ce jeu narratif, Saramago le peaufine depuis longtemps. Dès ses premières œuvres, il s . . .
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