La littérature ne nous avait peut-être pas offert d’aussi fine histoire de deuil depuis L’année de la pensée magique, le poignant essai que Joan Didion consacrait à la mort de son mari, l’écrivain John Gregory Dunne, en 2005.
L’action de ce roman – le troisième d’Eivind Hofstad Evjemo, mais son premier traduit en français – débute le 29 juillet 2011, soit une semaine après le massacre perpétré par Anders Behring Breivik sur l’île d’Utøya en Norvège. Déguisé en policier, Breivik avait abattu 69 personnes, dont une majorité d’adolescents. Pour aborder les répercussions de ce drame, Evjemo a choisi un angle original : en relatant les choses non pas du point de vue de la famille d’une victime, mais de celui de leurs voisins. On voit ainsi les époux Sella et Arild vivre par procuration une douleur ressentie par tous les Norvégiens cet été-là. Mais leur émotion revêt une autre signification puisque, quelques années plus tôt, Sella et Arild avaient eux aussi perdu un enfant lors d’une explosion survenue à bord d’un ferry aux Philippines.
Une journaliste de Livres Hebdo a employé une formule très juste pour qualifier le livre d’Evjemo : « un roman solaire sur un thème crépusculaire ». Evjemo ne présente pas des individus écrasés par le malheur, mais solidaires et résilients. La vie continue, et le romancier norvégien parvient très efficacement à en saisir le moindre détail révélateur. Son style sobre, hyperréaliste, l’amène à créer des figures touchantes de vérité, comme les protagonistes Sella et Arild, mais aussi Ivar, le frère autiste, ou Kim, le fils adoptif.
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