La vie n’a rien de bien rose quand on est « Fib-Kiss » comme Valérie, une adolescente prise dans un corps de fillette en raison d’une maladie dégénérative, la fibrose kystique. C’est elle, le personnage principal du quatrième roman de Pierre Gariépy, dont le titre fait référence à la rituelle session de tapotage abdominal à laquelle elle se livre, quotidiennement, pour déloger le mucus de ses bronches obstruées. Tam-Tam désigne aussi les mouvements d’écriture calqués sur la parole spontanée de la narratrice, un tambour langagier inventif, un style allitératif près de l’incantation magique : « Mon père me tape. Matin et soir. Je l’adore, mon père. Il me tam-tam, il m’aime tant tant, papa. ‘Je t’aime t’aime’, qu’il me rit toujours, alors qu’il me percussionne ».
Un jour cependant, les séances de tam-tam ne suffisent plus. Valérie doit subir une opération cruciale pour remplacer ses poumons et son cœur. Lors des cinq chapitres suivant la triple transplantation, l’incertitude plane sur la réussite de l’intervention. Gariépy nous promène dans une enfilade de courts épisodes campés entre le rêve et la réalité, le monde de la vie et celui de la mort, quitte à recourir à la prosopopée et à envoyer la jeune « Fib-Kiss » en question passer un séjour au paradis, en compagnie de nul autre que le marquis de Sade. De là-haut, elle observe son père se remettre difficilement de sa mort et flirter avec sa psychologue haïtienne, Sabine Candide. Puis elle décide de retourner sur terre dans le but de saboter leur idylle, avant de mourir à nouveau et de retrouver au ciel son sadien Donatien…
Dire que l’auteur n’a pas froid aux yeux tient de l’euphémisme. Il exploite au maximum les possibilités de la fiction en déboulonnant les conventions les plus élémentaires de la vraisemblance. Il danse également sur la mince ligne qui distingue l’éclatement de la dispersion, passant son pied d’un côté comme de l’autre avec pour conséquence principale ce « Crime glacé », second chapitre plutôt marginal en comparaison du reste. Non que la digression – dont l’intrigue, dotée d’une chute habilement amenée, porte sur la disparition d’un certain Pierre Gariépy –, ne soit pas intéressante. Mais entre les chambres d’hôpital, le purgatoire et l’histoire d’amour, quand Tam-Tam prend en plus, pendant le tiers de ses 97 pages, le détour de l’enquête policière, il semble simplement s’être égaré.
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