PRIX LITTÉRAIRE DES COLLÉGIENS 2017
Ce roman lancinant exerce son emprise sur le lecteur comme la douleur qui taraude le narrateur et personnage principal. Le fils du mécanicien, dont nous n’apprendrons jamais le nom, est retrouvé dans un état critique après un accident de voiture, à proximité du village où il venait rendre visite à son père. La situation est aggravée par une mystérieuse panne d’électricité qui se prolonge, en plein hiver, au point de transformer profondément la vie des villageois. La nourriture, le bois de chauffage et les médicaments se font de plus en plus rares, il y a de la tension dans l’air.
Après une opération de fortune pratiquée par une vétérinaire, le blessé est confié aux soins de Matthias. Le vieil homme, surpris par la panne, s’est installé dans la véranda d’une maison abandonnée, en attendant de pouvoir retourner chez lui. Il accepte de veiller sur le fils du mécanicien, en échange de vivres et d’une place assurée dans une expédition qui le ramènera en ville.
L’intrigue se noue autour de la relation forcée entre les deux hommes, qui s’épient comme chien et chat. Reclus dans leur demeure du haut de la côte, les deux principaux protagonistes ont des rapports épisodiques avec le reste du village. Quelques autres personnages, le vigile, la belle vétérinaire, le simple d’esprit, apportent à tour de rôle de subtiles inflexions à la trame du récit. Avec la progression de l’hiver, la neige s’accumule et en même temps s’alourdit la dette du convalescent envers Matthias. L’hiver ici n’est pas propice aux amusements ou aux épanchements contemplatifs ; le froid et la neige sont irrémédiablement menaçants. Un jour, Matthias plante dans la neige une longue perche qu’il a soigneusement graduée, une échelle à neige. À la vue de la réalisation de son hôte, le narrateur émet une réflexion peu optimiste : « Nous allons désormais pouvoir mesurer notre désarroi ». Pourtant, l’hiver aura une fin, apportant avec elle le dénouement du récit.
Les lignes dramatiques du roman sont finement dessinées et son auteur, Christian Guay-Poliquin (voir p. 14-15), a un souci du détail concret qui sert bien son écriture. Le suspense est maintenu de bout en bout avec sobriété et maîtrise. Définitivement un romancier à suivre.
LE POIDS DE LA NEIGE
- La Peuplade,
- 2016,
- Chicoutimi
296 pages
25,95 $
Loading...
Loading...

ESPACE PUBLICITAIRE
DERNIERS NUMÉROS
DERNIERS COMMENTAIRES DE LECTURE
Loading...