Pierre Nepveu nous donne ici un livre plein de souffrance diffuse, qui cherche néanmoins l’apaisement, le pardon à travers les mots. Le vent du nord y souffle fort, assèche, détruit, mais parfois celui du sud-ouest, de l’été, ramène avec lui les odeurs de la vie. Et même l’hiver, dans son expérience de l’extrême, peut pousser le désespéré à « râper [ses] fonds de vérité pour en extraire des perles ».
Comme le rappelle l’auteur dans une note, les poèmes de ce recueil sont habités par les paysages bordant le Saint-Laurent près de l’île de Montréal, à Verdun, Lasalle et Lachine. L’observation attentive de ces rives sera l’occasion pour lui d’exprimer son rapport au présent. Celui-ci est souvent synonyme de solitude, malgré toutes les tentatives pour se rapprocher des autres, un homme aveugle, une jeune femme chantonnant sur son vélo. Le présent se donne comme un flux ininterrompu, impossible à saisir. Le poète écrira d’ailleurs qu’il est « prisonnier d’un monde fruité qui ignore tout de [lui] ».
« Tu ne guériras pas, disait une voix », même si, lira-t-on plus loin, « on cherche un point faible dans la structure des atomes ». C’est le constat que la nuit s’approche, qu’il fera de plus en plus noir, que l’on verra de moins en moins bien, que l’on comprendra de moins en moins. Les visions du paysage fluvial sont peut-être les dernières qui s’offrent au poète. Elles sont à prendre telles qu’elles ont toujours été, étrangères, et non comme des signes ou les miroirs d’une identité affolée.
Dans les parties « Stations Lachine » et « Dénouement », qui ferment le recueil, l’eau se calme, dirait-on. Quelques ressacs encore, mais c’est le calme souhaité – ou presque – devant l’éternité du présent. Alors, tout se mêle, les figures du passé revivent.
La poésie de Pierre Nepveu est telle qu’on l’a connue dans Lignes aériennes ou Les verbes majeurs : parfois révoltée, mais plus souvent contemplative, près du battement des choses, métaphysique et questionnante. On y sent le temps qui passe, ravage, rase « les pensées hautes ». Elle s’adresse à celui ou celle qui, comme le poète, croit que les vies « se brisent et se renouent », qu’« on ne part pas ».
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