« Autant l’avouer tout de go, je n’ai jamais rien compris à la valeur de l’argent », c’est ainsi que commence l’ouvrage de Pierre Lefebvre. Les couleurs sont annoncées : l’auteur va ensuite, au fil de ses sept confessions, nous prendre à témoin de la guerre d’usure qu’il mène contre les valeurs rattachées, au sein de notre société, à l’argent-roi, à l’argent-dieu. Il s’agit, bien sûr, d’une bataille perdue d’avance. Mais elle mérite tout de même d’être livrée. On ne peut s’empêcher d’admirer ce Don Quichotte s’escrimant contre des moulins à vent, cet Achille face au Pâris du capitalisme sauvage, ce David voulant s’en prendre au Goliath de la production et de la consommation effrénées. Il s’insurge contre « la hiérarchisation du monde faite à la lueur perverse de l’utilité des choses, tout comme des êtres », contre l’expression « ressources humaines », qui sous-entend que les personnes sont destinées comme les autres ressources « à être consommé[es] ou brûlé[es] d’une façon ou d’une autre », contre le manque de respect accordé à ceux qui n’ont pas le portefeuille suffisamment garni. À propos du salaire de base, il révèle qu’« [à] salaire minimum, [il a] toujours travaillé au minimum ». Sa philosophie envers les employeurs consiste à « leur en donner précisément pour leur argent ». Il rappelle la citation de Victor Hugo affirmant que « [c]’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches ».
La plume de Pierre Lefebvre est remarquable et délicieusement caustique. Son propos désabusé ne manque pas d’humour, malgré les situations parfois pénibles qu’il raconte, notamment ses déboires avec ses « propriétaires » âpres au gain et ses nombreux déménagements allant avec le fait d’être désargenté. Selon lui, le principal défi du « cassé » est d’avoir à canaliser sa colère envers la violence systémique, omniprésente, qu’il doit constamment affronter.
Confessions d’un cassé est un petit bijou que les lecteurs et lectrices auront assurément grand plaisir à lire. Il se termine par un texte insolite mettant en scène des enfants, un orang-outan et un chimpanzé. Je vous laisse découvrir la suite…
Pierre Lefebvre est dramaturge et rédacteur en chef de la revue Liberté. Cinq des sept confessions ici regroupées ont déjà paru dans cette publication.
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