Écrivain prolifique et grand raconteur de la Gaspésie, Sylvain Rivière a réécrit son ouvrage La Gaspésie, rebelle et insoumise (Lanctôt, 2000), cette fois avec la complicité de Maude Jomphe et de Chantal Soucy pour réunir une riche iconographie. À l’ancienne préface de Jasmine Dubé s’ajoute une présentation laudative de l’éditeur Victor-Lévy Beaulieu, qui s’enthousiasme devant le renouveau et les jeunes entreprises de la Gaspésie, « souvent porteuses d’une écologie et d’un développement durable exemplaires ».
Dans La Gaspésie par-devant, Sylvain Rivière évoque divers moments de l’histoire gaspésienne, comme la vie paisible des Micmacs, la venue de Jacques Cartier en Gaspésie, sans oublier l’occupation commerciale et sauvage exercée par la famille de l’exploitant européen Charles Robin, dès 1767. Cet épisode pénible et interminable pour des générations de Gaspésiens sera raconté en détail par Sylvain Rivière dans son livre suivant, L’empire des Robin (Trois-Pistoles, 2013).
Dans ses descriptions amoureuses de sa « Gaspésie grande comme la Belgique ou la Suisse », Sylvain Rivière séduit avec une écriture qui mélange régionalismes et termes marins : « Ce pays neuf farci de flèches de sable, de barachois, d’échancrures d’en bas ». Mais dans la description des anciens « mangeux de morue » (sic), on sent un certain ressentiment de la part de l’auteur à l’endroit de ceux qu’il surnomme désespérément « les vrais Sauvages » (dans ce cas, les non-Autochtones et les non-Gaspésiens, souvent suffisants et hautains). Pourtant, ces préjugés d’autrefois à l’endroit des Gaspésiens sont désormais choses du passé et il serait infiniment triste de constater que le grand amoureux de la Gaspésie contribue malgré lui à les perpétuer d’un livre à l’autre, même si son intention est de les dénoncer.
Sur le plan éditorial, on déplore dans ce livre généreusement illustré l’absence de notes en bas de page pour les allusions historiques et le manque de références précises quant aux auteurs des photographies – ou du moins du fonds d’où sont tirés ces clichés anciens, ne serait-ce que pour distinguer ceux de miss True de ceux de madame Eleonor Fischer, datant presque de la même période. Dans la plupart des cas, on n’indique pas non plus le nom des lieux montrés, les photos n’étant pas légendées.
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