Pour toute une génération, Jacques Languirand aura été un communicateur et un pionnier à la radio et à la télévision ; pour la génération suivante, il aura été durant 43 ans l’animateur de l’émission-culte Par 4 chemins, à une époque où Radio-Canada se concentrait résolument et prioritairement sur les contenus culturels. Pour les plus jeunes, il incarna ce personnage sympathique du grand-père dans l’émission pour enfants La boîte à lunch.
La biographie attentionnée que lui consacre Aline Apostolska est à la hauteur de cet humaniste d’exception, qui se dit apolitique. On comprend rapidement que Jacques Languirand a souvent été au bon endroit au bon moment : il vit à Paris dès 1949 (il a alors 18 ans), puis brièvement à Berlin-Ouest ; il rencontre des légendes de la scène comme Jean Vilar, Bertolt Brecht et le mime Marcel Marceau. De retour à Montréal en 1955, Jacques Languirand travaille aux côtés des journalistes Judith Jasmin, René Lévesque et Hubert Aquin pour d’innombrables émissions à Radio-Canada dont Dernière édition, émission éducative sur l’histoire du journalisme, qu’il anime en 1956, puis Carrefour. En même temps, il devient dramaturge (Les grands départs, Le gibet). Le public apprécie, mais les critiques restent perplexes.
Le grand accomplissement de Jacques Languirand demeure l’émission Par 4 chemins, qui débute en 1971. Fidèlement, Aline Apostolska retrace le tourbillon d’idées et de tendances ayant nourri ce projet inspirant et unique, étalé sur cinq décennies. C’est précisément cet univers culturel de penseurs influents et de références qui est évoqué dans le dernier quart de cette biographie : Carl Gustav Jung, Marshall McLuhan, David Servan-Schreiber, Edgar Morin, mais aussi René Lévesque et Hubert Aquin. Quelques mots-clés définissent la philosophie de Languirand : « aider, stimuler, consoler, conseiller, instruire, ordonner les choses, transmettre des racines et des idées utiles, applicables pour améliorer la vie ».
Au passage, Aline Apostolska note l’ingratitude de l’intelligentsia envers Jacques Languirand, et surtout l’attitude du « milieu universitaire québécois francophone qui n’avait déjà pas d’estime pour son théâtre et l’a considéré comme un hurluberlu du new age à cause de Par 4 chemins ». Pourtant, mieux que bien des professeurs et autrement que bien des rhéteurs, Jacques Languirand aura été un merveilleux éveilleur de consciences, refusant toujours l’étiquette de gourou, trouvant toute sa fierté dans son rôle fondamental de communicateur – pris dans son sens le plus noble.
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