Que savons-nous du Canada français ? Ou plus précisément des Canadiens français ? Ce « nous » peut aussi bien représenter les Québécois, les Canadiens (même français) que les francophones des autres pays. La journaliste française Lysiane Baudu a voulu répondre à cette question dans Les Canadiens francophones. Cet essai s’inscrit dans la collection « Lignes de vie d’un peuple », qui « raconte les peuples aujourd’hui trop souvent invisibles » (quatrième de couverture) ; ainsi en est-il des Islandais, des Catalans et d’une dizaine d’autres.
Baudu a effectué plusieurs voyages au Canada dont un organisé en 2010 par le gouvernement du Canada pour faire découvrir cinq villes canadiennes à sept journalistes francophones européens. Journaliste pigiste, Baudu y était pour La Tribune et ce voyage a servi de base à des reportages et à son ouvrage.
Le livre est divisé en quatre parties : « Le français, une affaire d’État », « De quel français parle-t-on ? », « Voyage en francophonie », « Le bilinguisme comme philosophie ». La « 27e gouverneure générale du Canada », Michaëlle Jean, signe la postface. Le tout enrobé d’un sain enthousiasme et d’une nette volonté de montrer la francophonie canadienne sous son meilleur jour.
Écrits sous la forme d’un reportage, les textes sont construits autour d’entrevues avec des personnes clés qui présentent leur vision du Canada et en particulier du fait français dans leur province ou territoire. On « visite » donc les provinces de l’Ouest sauf la Saskatchewan, les deux territoires, le Nunavut, le Nouveau-Brunswick et on frôle l’Ontario et le Québec par personnages interposés. Notons qu’un bon nombre des citoyens interviewés sont d’origine européenne, ce qui répond à la clientèle cible de l’ouvrage, et que la plupart des autres sont des responsables d’organismes voués à la défense de la cause francophone quand ils ne sont pas des politiciens. La journaliste a mis en relief leur amour de leur coin de pays et leur détermination à non seulement garder, mais à vivre la langue française. Par contre, ce sain enthousiasme minimise certaines réalités politiques et sociales, en particulier dans les provinces de l’Ouest.
Un glossaire et deux annexes complètent l’ouvrage : les grandes dates de l’histoire du Canada et de courtes biographies d’écrivains et d’artistes répartis selon leur province d’origine (certains choix sont discutables). Quelques erreurs se sont faufilées dans le texte dont voici des exemples : il y avait 15 000 habitants dans la province de Québec en 1759, La Sagouine est un « célèbre roman » d’Antonine Maillet, qui apprendra en même temps qu’elle l’a écrit en chiac, et le Vigneault de Gilles devra maintenant s’écrire « Vigneaux ». Enfin tout le monde sait que les Canadiens français « funent » (du verbe « funer », un dérivé de « fun »)!
Toutefois, l’ensemble offre un portrait vivant de la situation des Canadiens français même s’il est partiel et partial.
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