Cet ouvrage regroupe deux textes : « La maison, la ville et les gens » de Jean-Nicolas Orhon et « Labyrinthes » de Nicolas Reeves. Le premier volet poursuit la réflexion du documentaire Bidonville : architectures de la ville future, tourné par Jean-Nicolas Orhon qui, après des études en cinéma et en anthropologie, est devenu réalisateur et scénariste. L’idée de son film – et donc de son livre – lui est venue lors d’une rencontre avec Nicolas Reeves, alors qu’il travaillait à un précédent documentaire. Son nouveau collaborateur, professeur à l’École de design de l’Université du Québec à Montréal et chercheur en morphologie urbaine, a agi comme conseiller au contenu et coscénariste.
Dans le second volet, Nicolas Reeves livre sa réflexion à propos des bidonvilles, auxquels il s’intéresse « parce qu’ils sont, en substance, des villes en devenir ». Il rappelle notamment les paroles de John Turner : « Les bidonvilles ne sont pas un problème mais une solution ».
Les deux auteurs ont visité plusieurs bidonvilles de la planète afin de mener à bien leur projet respectif. En Afrique, en Turquie, en Inde, au Brésil, et même en France, aux États-Unis et au Québec, des gens vivent, par nécessité, dans ces quartiers improvisés. En évitant le misérabilisme, les auteurs nous font découvrir l’environnement de ces gens et leur vie, en mots et en images. Des images d’ailleurs remarquables, qui témoignent des solutions trouvées par les habitants pour vivre ensemble dans un espace restreint aux ressources limitées. Bien sûr, il ne s’agit pas de scènes pittoresques avec vue sur la mer ou la montagne. Pourtant, malgré tout, les photographies sont belles, dans leur représentation de moments de vie et d’environnements fonctionnels.
Le bidonville de La Ilha, à São Paulo, présente un intérêt particulier à cause de sa singularité, de son développement en hauteur, atteignant jusqu’à sept ou huit niveaux desservis par l’eau et l’électricité. Les images, croquis et notes recueillis par les auteurs constituent des documents historiques puisque, dans la nuit du 7 juillet 2013, « l’Île » a été rasée par un feu.
En somme, les deux auteurs proposent un beau livre, un témoignage de l’ingéniosité humaine face à l’infortune.