Dans M., Hans-Jürgen Greif nous présente une galerie de personnages dans la fleur de l’âge qui sont à l’heure des choix : choix d’un partenaire, d’un mode de vie, orientation de carrière Parmi eux, un jeune homme se distingue. M. a une forte personnalité, pour ne pas dire une forte tête. On le craint et l’admire à la fois. Dans sa famille, il y a belle lurette qu’il a établi ses diktats, passant outre l’autorité parentale. Au collège, où son père l’a inscrit dans l’espoir de le mater, il impose aussi sa loi : les autres, tous sans exception, étudiants et professeurs, doivent se soumettre. Avide lecteur des grandes œuvres, il méprise ses professeurs qui rabâchent année après année les mêmes cours, traite des mêmes auteurs insipides, il dédaigne ses parents qui ne pensent qu’à l’argent, et il considère ses pairs immatures et insignifiants.
En fait, M. n’est pas très populaire parmi les étudiants, car en plus d’être pugnace et arrogant, il a de subits accès de colère et devient rapidement violent. Épris de justice, il défendra néanmoins l’un de ses camarades qu’un professeur, particulièrement vulgaire, a pris comme tête de Turc. Étant donné que pour M. la fin justifie les moyens, il commettra un délit qui le mènera dans un centre de rééducation. À sa sortie, comme on s’en doute, pas de demi-mesure pour assurer sa survie et c’est malheureusement un pauvre gus dans la soixantaine, toujours amoureux de son prince de jadis, qui en fera les frais : « Manque de respect impardonnable. C’est pour ça qu’il devait payer, et pour autre chose encore qui m’a mis en colère. Merde, ce type m’a absolument manqué de respect ».
Avec M., Hans-Jürgen Greif n’a pas fait dans la dentelle. Ni policier ni thriller, ce roman n’en comporte pas moins une certaine tension qui ne tombe qu’à la toute fin. À lire.