Ronald Wright est un historien, essayiste et romancier canadien renommé. Dans son essai Découvrir l’Amérique, il retrace la chronologie des événements qui ont conduit l’Amérique là où elle se trouve aujourd’hui et qui ont, de ce fait, joué un rôle important dans l’établissement du nouvel ordre mondial que nous connaissons. Comme Wright l’écrit, « [l]es États-Unis ont été les grands vainqueurs de l’histoire moderne ; l’aboutissement des cinq siècles de l’ère colombienne ». En effet, selon lui, c’est dès 1492, à l’arrivée de Christophe Colomb, que s’enclenche le processus qui va culminer par la suprématie américaine. Il explique : « Aujourd’hui, après cinq siècles de victoire européenne, on oublie facilement à quel point l’Europe était marginale jusqu’à ce qu’elle gagne la cagnotte du Nouveau Monde. [..] c’est la Chine qui dominait le monde par sa puissance et son avance technologique ».
En terre américaine, les Européens feront preuve d’une cruauté et d’une voracité si grandes qu’ils pourront accumuler rapidement d’immenses richesses. Ce sont les premiers Américains (les « Indiens ») qui feront les frais de ce tour de force. Ils seront exploités, et décimés par suite des mauvais traitements et des maladies. L’hécatombe est telle qu’il faudra bientôt importer d’Afrique une autre main-d’œuvre, réduite à son tour à l’esclavage. Celle-ci contribuera à la réussite économique des colonies britanniques d’Amérique du Nord. Quant aux Amérindiens, on les repoussera peu à peu vers l’ouest et on les massacrera afin de s’approprier leurs terres (qu’ils cultivaient souvent avec beaucoup de succès, contrairement à ce qu’on a laissé croire).
Les colons de la « frontière » voudront accaparer le maximum, le plus vite possible. On reconnaît là les bases de la mentalité qui fera le succès économique de l’Amérique et aussi, parfois, son malheur. C’est dans la même veine que l’économiste de droite Milton Friedman, dans les années 1980, a prôné le laisser-faire, en allant jusqu’à affirmer que la cupidité est utile. Les adeptes de l’enrichissement rapide se sont empressés de mettre la théorie en pratique. Avec les résultats que l’on sait
En somme, Découvrir l’Amérique est un essai extrêmement bien documenté qui ne présente pas les États-Unis sous leur meilleur jour. C’est un ouvrage qui plaira à coup sûr à ceux qui s’intéressent à l’économie, à l’histoire et aux questions de société.