L’écrivaine franco-slovène Brina Svit vit à Paris et se réfugie parfois dans son repaire, au cœur d’un village slovène. Deux doigts à l’est de l’Italie, sur le magnifique plateau du Karst. Vue imprenable sur l’Adriatique. Quand elle ne danse pas le tango à Buenos Aires ou ne participe pas à quelque salon littéraire, quelque part dans le vaste monde.
Lors de notre rencontre au Salon du livre de Québec, elle revenait de Reykjavik « où se passe [son] nouveau roman » ‘ qu’elle n’arrivait pas à terminer ‘ et était follement en amour, me disait-elle. Une histoire malaisée « vu qu’ils étaient mariés chacun de son côté et qu’ils avaient des enfants ». Puis l’inévitable rupture. Une histoire d’amour qui se termine avec un texto, qui fait mal, qui conclut : « Trop compliqué tout ça. Je sors de ta vie ».
Récit autobiographique, le Petit éloge de la rupture égrène petits et grands malheurs, avec tout le talent de conteuse de Brina Svit. La cassure amoureuse se double de la perte d’un disque dur, la catastrophe. Un an de travail disparu, avec souvenirs, photos, musique. Tout.
Rupture avec le pays aussi puisque l’auteure perd un des derniers liens professionnels qu’elle y gardait, une chronique pour le journal Delo. Après 28 ans, elle est remerciée, crise oblige. Rupture d’amitié, dans un détour. La relation avec sa mère qui ne s’améliore pas. Il lui reste sa langue, avec qui elle maintient une relation ambiguë, à qui elle tourne maintenant le dos, utilisant le français dans ses derniers livres, après avoir écrit en slovène pendant vingt ans.
L’auteure tente de mettre de l’ordre dans ce fouillis. Elle va et vient entre deux pôles : « […] la rupture n’est pas un signe d’impermanence […] mais plutôt la capacité de sauter dans la vie ». Un rien snob, elle aime citer les uns et les autres, les Sollers, Barillé, Millet, Pontalis. L’ami Gil Courtemanche ‘ avec qui le Québec entretient une relation trouble ‘ la soutient de loin, avec ses textos : « J’ai été riche et célèbre, je ne le suis plus ». Quant à l’amoureux français, discret, il « restera tout simplement ‘il’ », tout au long du récit