La prise d’otages est probablement le plus ancien commerce du monde. Zeus lui-même s’est rendu coupable d’un enlèvement lorsqu’il a pris en otage Europe, fille d’Agénor, roi de Phénicie. L’objectif du livre de Gérard A. Jaeger est de dresser un historique de la prise d’otages et d’en dresser les nombreuses utilisations.
Durant l’Antiquité, dans le cadre d’ententes politiques, l’otage sert de garantie à la plus faible des parties. Par contre, il peut aussi servir comme source de gains pécuniaires. Les Romains et les Vikings, pour ne nommer que ces peuples-là, effectuaient des enlèvements dans le but d’exiger des rançons.
Toutefois, l’emploi le plus populaire des otages est sans contredit l’enlèvement à des fins idéologiques, comme ce fut le cas à l’ambassade des États-Unis de Téhéran où, en novembre 1979, un groupe d’étudiants non armés séquestrent 52 otages et exigent que le shah Reza Pahlavi leur soit livré. Dans le même registre, on trouve la prise d’otages planifiée par une institution politique légale dans le but d’influencer l’opinion publique. C’est le cas du soldat de l’armée américaine Jessica Lynch en 2003 ou des enlèvements organisés par le Mossad dans le but de faire basculer l’opinion mondiale en faveur des juifs sionistes.
Cela dit, une fois libérés, les otages connaissent tous un moment de gloire à cause de leur statut de victime extraordinaire. C’est ce qui donna l’idée à l’écrivain d’origine française Jean-Edern Hallier de simuler son propre enlèvement dans le but de faire mousser les ventes décevantes de son dernier roman. Sans succès.
Le livre de Gérard A. Jaeger présente une succession d’histoires d’otages, entrecoupées de quelques explications et d’analyses sommaires. Le sérieux de cette recherche est cependant mis en doute lorsque, à la page 121, l’auteur décrit la prise d’otages par un mouvement de libération nationale du Québec en 1970. Il rapporte que, alors que « les ravisseurs négociaient la remise en liberté de l’un d’eux, diplomate de son état [la note de bas de page réfère au nom de James Richard Cross], il fut exécuté par les services secrets canadiens infiltrés dans l’organisation, dans le but de détourner l’attention de l’opinion jugée trop favorable au mouvement indépendantiste francophone ». Il faut se souvenir que James Cross fut libéré, tandis que le ministre Pierre Laporte mourra entre les mains de ses ravisseurs durant sa détention. Sans commentaire