On la savait chanteuse et peintre, pouvant à l’occasion écrire les paroles de ses chansons, et par ailleurs illustratrice pour l’ouvrage Les cent plus belles chansons du Québec ; avec ces Mots de tête, Diane Dufresne présente son premier livre sous son seul nom. À la fois mémoires libres, impressions spontanées, carnets de voyage, journal intime, fragments autobiographiques : on découvre un véritable style, un don réel pour l’écriture. Son mélange de spontanéité et de candeur s’apparente parfois à un blogue. Sachant rester modeste, ou fragile, elle écrit : « J’ai bien des lacunes d’écrivain et pourquoi pas ? »
Les épisodes se succèdent, sans liens : le restaurant kitsch Le Président dans le 20e arrondissement de Paris, puis un train d’hiver entre Paris et Lausanne, une méditation sur la mort de Claude Nougaro, d’Alain Bashung, ou encore un voyage de Montréal vers Québec.
Diane Dufresne sait construire des historiettes parfois cocasses à partir d’un fait banal tiré de son quotidien : par exemple une course dans le métro parisien où elle s’égare, ne supportant pas la foule et son inévitable promiscuité. En visite dans les musées parisiens, elle réaffirme son admiration pour les grands peintres européens, de Kandinsky à Picasso, sans oublier Toulouse-Lautrec. Parmi certaines confidences, Diane Dufresne confesse le détail de ses visites coûteuses chez l’esthéticienne, ses chirurgies esthétiques, ses opérations annuelles de la peau chez le dermatologue. Il y est peu question de musique et de chansons, sauf pour méditer sur les dates d’une prochaine tournée au Québec.
Le travail éditorial y est toutefois minime : il n’y a même pas d’index des noms dans ce livre qui en contient énormément, les chapitres ne sont pas numérotés ; aussi, les inconditionnels de Diane Dufresne seront peut-être déçus de ne pas découvrir d’illustrations, les historiens ne trouveront presque aucune date, sauf ce 31 décembre 2008 où elle se rendit admirer des toiles de maîtres. Je déplore quelques remarques déplacées contre le catholicisme et le pape, dans les dernières pages. On se réjouit du reste. On oublierait presque que Diane Dufresne est une grande chanteuse pour croire, en lisant ce livre sincère, qu’il s’agit simplement des impressions d’une Québécoise à Paris ou celles, comme elle l’écrit, d’une « petite fille sans âge ».