Ce livre présente alphabétiquement 401 chansons québécoises de toutes les époques, chacune étant suivie d’un bref commentaire d’un paragraphe, incluant des titres immortels comme « Ah ! Que l’hiver » de Gilles Vigneault, mais aussi « Wow », le fameux instrumental disco d’André Gagnon, et « Y’a pas grand-chose dans le ciel à soir » de Paul Piché. Pour chaque titre, on trouve une courte liste de ses interprètes successifs. L’auteur, Richard Baillargeon, connaît bien la musique québécoise et ne se limite pas aux chansons ayant le plus tourné à la radio ou à celles « interprétées par nos plus grandes vedettes ». Il propose à la fois des chansons célèbres et méconnues, parfois oubliées ou démodées ‘ mais néanmoins marquantes dans notre histoire culturelle. Je suis ravi de trouver ici plusieurs succès des années 1960 : « Manon viens danser le ska » de Donald Lautrec, « Le petit restaurant du coin » des Million-Airs, « La Manic » de Georges Dor et « Québécois » du groupe La Révolution française ; mais aussi des chansons de Jacques Blanchet, de Hervé Brousseau, des Excentriques, de Jean-Pierre Ferland et de plusieurs artistes actuels. Autre qualité : Richard Baillargeon a tenu à retenir des artistes ayant Suvré à l’extérieur de Montréal, comme Marius Delisle (« À Québec au clair de Lune ») et des groupes de la ville de Québec comme les Bel Canto et les Million-Airs.
Si on veut faire avec rigueur l’histoire de notre chanson, on ne doit pas en éliminer les exemples qui nous sembleraient trop liés à une seule époque, et ce livre fait justement place à des genres éphémères comme le yé-yé, le country, le disco « à la québécoise ». Le lecteur découvrira dans ce panorama subjectif beaucoup de titres ou d’auteurs méconnus. On apprend ainsi que la jolie chanson « Marie-Lou » avait été composée par Cyril Lepage, et non par Plume Latraverse. L’un des points forts de ces 401 petits et grands chefs-d’œuvre de la chanson et de la musique québécoises réside dans sa capacité de montrer la diversité de la chanson d’ici sans en évacuer les moments plus légers ou dérisoires. Les amateurs de musique devraient aussi savoir que Richard Baillargeon a conçu un immense site Internet (Québec Info Musique) qui sert de référence en matière de musique québécoise ; par ailleurs, les livres précédents de l’auteur sont tous épuisés, ce qui est bon signe. On pourrait donc croire que le présent ouvrage est déjà en voie de disparition, ou presque.