« Le Bout du monde est ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre, tous les jours de l’année, même le jour de Noël », lit-on au début du roman d’Hélène Rioux. Le Bout du monde est un restaurant sans prétention où « trois femmes entre deux âges – mais plus près du troisième – » sont réunies, comme elles en ont l’habitude, pour jouer aux cartes avec des chauffeurs de taxi qui fréquentent l’endroit. C’est le début de la nuit, et une tempête hivernale fait rage au moment où les joueurs entament leur partie. Rien ne laisse présager qu’un drame se prépare. Et pourtant
Laissant là Denise, Doris et Laure en compagnie de Raoul, Boris et Diderot, l’auteure emmène le lecteur dans un voyage à travers l’espace et le temps. En effet, les chapitres suivants mettent en scène d’autres personnages, dans des lieux différents et à d’autres moments. Mais, d’un chapitre à l’autre, certains des personnages sont reliés de façon plus ou moins ténue avec ceux qui les ont précédés. Plusieurs vivent des événements dramatiques et, toujours, Hélène Rioux réussit à merveille à faire ressentir leurs craintes et leurs angoisses. Car il faut dire qu’elle peint avec beaucoup d’adresse et de sensibilité chacun des « tableaux » qu’elle présente. Ses personnages, éminemment humains, sont aux prises avec des rêves ou même une vie brisés. D’où, sans doute, l’importance accordée au film Broken Wings dans le roman. Par ailleurs, les références culturelles ne manquent pas non plus, ce qui ajoute au plaisir du lecteur.
En somme, Mercredi soir au Bout du monde est une œuvre remarquable ; Gilles Marcotte a parfaitement raison d’avoir écrit à propos d’Hélène Rioux, dans L’actualité, qu’elle est « un véritable écrivain, un de ceux qui comptent au Québec aujourd’hui ».