Prix Nobel 2006, auteur de Neige, Médicis 2005, et du superbe Istanbul, entre autres livres, le Turc Orhan Pamuk raconte dans D’autres couleurs les difficiles relations que son pays a toujours entretenues avec l’Occident, surtout avec l’Europe. Dans cet ouvrage traduit en cinquante langues, Pamuk réécrit à sa façon les contes persans des Mille et une nuits.
Né en 1952, l’auteur partage son temps entre Istanbul – sa ville bien-aimée qu’il décrit avec finesse et passion – et New York où il enseigne la littérature à l’Université Columbia. Pamuk se présente comme un graphomane « avide et intraitable – une créature dévorée par un insatiable besoin d’écrire et de traduire l’existence en mots ». Il avoue par ailleurs : « […] c’est à l’évidence à ma mère et à mon frère aîné […] que je suis redevable de cette capacité à ne pas me voiler la face et à envisager la vie avec confiance ». Quelles qu’en soient les raisons, l’écrivain est un grand de la littérature contemporaine, conciliant avec charme et doigté l’art occidental du roman et celui du conte oriental.
Pamuk a grandi dans une famille bourgeoise occidentalisée et a étudié l’architecture avant de se lancer dans l’écriture. Il voulait devenir peintre, ce qui peut expliquer son sens aigu de la description et du détail, sa capacité à saisir l’essence de ce qui l’entoure. Et à si bien nous le raconter. Curieux, politisé et érudit, lui seul peut ainsi décrire l’introversion de la Turquie, à cheval entre Europe et Asie, et la schizophrénie des « pays reculés et excentrés comme le [sien] ».
Dans les 76 chapitres du recueil d’essais D’autres couleurs, Pamuk nous livre sa vision du monde, à partir de son enfance stambouliote jusqu’à son discours de réception du prix Nobel. Il établit un pont entre Occident et Orient, car son univers « n’est-il pas un mélange de local et de mondial, de national et d’occidental » ? Son dernier roman, Le musée de l’innocence, paraîtra en français en 2010.