À l’aube du 8 avril 2003, quelques jours à peine après le début de la guerre d’Irak, les chars américains sont déjà aux portes de Bagdad. Jean-Paul Mari, quant à lui, est dans sa chambre de l’hôtel Palestine, où logent les représentants de la presse internationale. De son balcon, il est témoin du pilonnage de la ville par les avions américains. Tout à coup, une énorme explosion se produit : l’hôtel a été touché. Il se précipite en direction de l’impact et, dans une chambre dévastée, il découvre un jeune cameraman ukrainien salement atteint à l’abdomen, mais encore vivant. En compagnie d’un confrère, il tente de lui venir en aide, mais il n’y a plus rien à faire. Il apprend un peu plus tard qu’un cameraman espagnol a également été tué par l’explosion. Au cours de ses missions de correspondant de guerre, Jean-Paul Mari a dû faire face à plusieurs reprises à la mort. Mais est-ce une fois de trop ? Est-ce de trop près cette fois-ci ? En tout cas, il est marqué plus que jamais. Il veut savoir ce qui s’est passé. Une caméra de télévision a filmé un char américain au moment où son canon faisait feu directement sur l’hôtel. Pourtant, il est bien connu que c’est l’endroit où sont hébergés les reporters étrangers. Le lendemain, il rencontre le capitaine qui commande la compagnie de blindés. Celui-ci plaide la légitime défense, le chaos
Plus tard, Jean-Paul Mari entreprendra sa « plus grande enquête ». Il essaiera de comprendre ce qui fait que des soldats, des héros, des journalistes, après avoir vécu les horreurs de la guerre, sont nombreux à perdre le contrôle d’eux-mêmes après leur retour à la vie « normale ». Certains sont terrorisés par des cauchemars ou se replient sur eux-mêmes ; d’autres sont envahis par une colère qui les submerge ou se tirent une balle dans la bouche. La quête de l’auteur le mènera, quatre ans après la bavure de l’hôtel Palestine, à tenter de retrouver le capitaine américain, afin de savoir comment il vit avec le souvenir de la mort des deux journalistes.
Jean-Paul Mari a reçu le prix des lectrices de Elle 2009, catégorie « Document », pour Sans blessures apparentes. Rien de surprenant à cela, si on considère l’engagement avec lequel il traite son sujet et le ton qui est le sien : ce n’est plus simplement un journaliste objectif qui s’exprime, mais également un écrivain de grand talent. Une lecture qui vous émouvra à coup sûr.