Nadine Mackenzie est écrivaine, journaliste et interprète. Elle présente ici un récit biographique dans lequel elle raconte des épisodes de la vie hors du commun de son amie Ioana. Celle-ci, décédée en 2003, lui a légué « tous ses papiers personnels et un certain nombre de documents historiques », contre l’engagement d’écrire un ouvrage posthume. Ioana appartenait à une famille aristocratique de Roumanie et, jeune femme, elle avait travaillé pour la CIA, la résistance roumaine et le MI5 britannique. C’était pendant la Seconde Guerre mondiale et au cours des quelques années qui ont suivi, alors que son pays s’est retrouvé sous le contrôle des Soviétiques. Ce fut une période extrêmement éprouvante et difficile pour Ioana et ses proches. Par exemple, en 1939, sa famille s’est trouvée assiégée, pendant trois semaines, dans sa résidence de Bucarest par des membres de la Garde de fer, une organisation fasciste qui commettait crimes et atrocités dans le pays. Plus tard, ses parents et sa grand-mère ont été arrêtés et torturés par le gouvernement communiste mis en place par les Russes. Son père était soupçonné, à juste titre, de travailler à la préparation d’un soulèvement destiné à rétablir la démocratie en Roumanie. Plus tard, il fut jugé et condamné aux travaux forcés à perpétuité. Quant à Ioana, elle a été condamnée à mort par contumace. Mais il y avait déjà un certain temps qu’elle s’était réfugiée au Canada après être passée par l’Autriche, l’Allemagne, la Suisse, l’Écosse et l’Angleterre.
La rançon de l’espionnage est le récit d’une vie passionnante, et c’est un ouvrage qui présente un intérêt historique certain. On y apprend notamment comment les Américains et les Britanniques ont voulu organiser, ou à tout le moins appuyer, une insurrection des pays d’Europe de l’Est qui étaient sous le joug soviétique. Ailleurs, on découvre que Ioana a caché, dans la maison familiale, deux généraux ayant participé au complot Walkyrie, cette tentative d’assassiner Hitler qui a bien failli réussir. Il est tout de même surprenant que, nulle part, ne soit mentionné le patronyme de Ioana, devenue Lady Roderic Gordon. Et ce, même si l’héroïne est décédée et qu’elle a « reçu d’un service d’espionnage la permission de rendre publiques ses activités ».