Célèbre neuropsychiatre français, psychologue-thérapeute à la retraite, et par ailleurs auteur prolifique d’une trentaine de livres (dont Les nourritures affectives, Un merveilleux malheur, Parler d’amour au bord du gouffre, Le murmure des fantômes), Boris Cyrulnik présente dans ce dialogue quelques fondements de sa pensée. Son propos mélange le récit autobiographique et l’autoanalyse, avec un certain recul.
Parmi les éléments déclencheurs survenus durant sa jeunesse et qui auraient déterminé son intérêt pour l’étude du comportement des animaux, Cyrulnik mentionne le film biographique Monsieur Fabre (1951), réalisé par Henri Diamant-Berger, avec l’acteur Pierre Fresnay dans le rôle du célèbre entomologiste Jean-Henri Fabre.
Théoricien de l’amour et des sentiments, Cyrulnik explique au passage certains mots-clés de son parcours ; ainsi, l’éthologie, sujet de son premier livre (à ne pas confondre avec l’ethnologie), se définit comme « l’étude des comportements des êtres vivants en milieu [naturel], en conditions spontanées ».
Né à Bordeaux en 1937, Cyrulnik n’était encore qu’un enfant lorsqu’il frôla la mort, après son arrestation par les nazis, qui lui ravissèrent ses parents et une partie de sa famille juive. Il témoignera de la barbarie du régime hitlérien, mais surtout de l’incrédulité de beaucoup de Français devant son récit de survivance, une fois la Deuxième Guerre mondiale terminée. Le fait d’avoir été très tôt orphelin l’amènera à s’interroger durant toute sa vie sur la quête du bonheur, sur les manières de compenser les malheurs subis et de répondre aux traumatismes de la vie par l’accomplissement, le dépassement de soi. Sur la résilience, un mot qu’il utilise à souhait, Cyrulnik affirme qu’il ne se considère pas comme étant lui-même un résilient, mais estime que d’autres le sont, par exemple certains de ses anciens patients. Modestement, il croit que cette théorie reste encore inachevée.
Les livres de la collection « Contact » sont également offerts sur DVD, mais la lecture du texte permet de mieux se concentrer sur l’essentiel au lieu d’observer le décor entourant deux « têtes parlantes ». Curieusement, cet entretien n’est pas daté, mais on nous indique qu’il a eu lieu au printemps, à La Seyne-sur-Mer. Beaucoup d’éléments relatés ici se retrouvent également dans la récente Autobiographie d’un épouvantail (Odile Jacob, 2008).