Françoise de Luca est d’origine italienne. En 2000, après avoir vécu de nombreuses années en France, elle s’est établie à Montréal. Vingt-quatre mille baisers est son deuxième livre, le premier à paraître aux éditions Marchand de feuilles. Dès les premières pages de ce recueil de neuf nouvelles, le lecteur est invité à entrer dans un monde d’introspection, de voyages et de réminiscences. Le premier texte, qui donne son titre au livre, témoigne ainsi de l’éveil de la sensibilité linguistique d’une petite fille dont la langue maternelle est l’italien, et qui doit faire son entrée dans un monde où l’on parle français. Avec un ton discret, « Premier amour » relate le souvenir d’une histoire sentimentale entre deux jeunes filles. « Les pommes de René Char », qui est peut-être le texte le plus réussi du recueil, met en scène deux étudiantes qui s’aventurent sur la propriété du célèbre poète. Plus loin, c’est le récit d’un voyage en train en compagnie d’un inconnu qu’on nous propose. Par la suite, avec Rainer Maria Rilke en arrière-plan, on visite Prague ; on se promène également dans le Saigon de Marguerite Duras. Enfin, on accompagne un être cher souffrant d’un cancer. Remarquons que dans ces nouvelles, diverses perspectives narratives sont mises à profit : selon le cas, l’auteure utilise la première, la deuxième et la troisième personne du singulier. Cette technique a pour effet de donner du relief à l’enchaînement des récits. Ajoutons que ceux-ci sont juxtaposés de manière à produire une logique chronologique allant de l’enfance vers l’adolescence jusqu’à l’âge adulte. Cette organisation linéaire confère à l’ensemble une agréable unité. Sur le plan de l’écriture elle-même, il importe de souligner la justesse des analyses de Françoise de Luca, qui souvent arrive, en quelques lignes, à définir ses personnages et à camper judicieusement les situations. Grâce à une prose dépouillée, avec maîtrise et aisance, elle parvient à exprimer une certaine vérité des choses. En somme, à la source de ces textes, il y a une petite voix très douce, une voix pénétrante. Il y a aussi un regard en quête de beautés, qui observe avec une gracieuse bienveillance, à l’affût de détails essentiels, à la recherche de beautés insoupçonnées.
VINGT-QUATRE MILLE BAISERS
- Marchand de feuilles,
- 2008,
- Montréal
104 pages
15,95 $
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