En 1889, au faîte de sa gloire, Honoré Mercier proclame son célèbre cri de ralliement : « Cessons nos luttes fratricides et unissons-nous ». La citation est reconnue d’une telle importance qu’elle est à jamais gravée sur le socle de la statue du premier ministre, placée devant le parlement de Québec, sur l’avenue qui porte aujourd’hui son nom.
Cette expression à valeur historique est pourtant passée sous silence par Pierre Couture dans son livre Honoré Mercier. L’auteur a en effet privilégié une vulgarisation narrative extrême et une écriture quasi romanesque. « Bientôt, la neige étalera sa litière de cristaux sur la ville. » Il est vrai que commettre la biographie d’un homme célèbre, fût-il moins connu que Mercier, n’est jamais chose aisée. Produire la biographie du légendaire premier ministre, après celle toujours actuelle de Robert Rumilly ou après les versions plus récentes de Gilles Gallichan et de Luc Bertrand, relève du tour de force. Couture fait-il preuve d’audace ou d’ingénuité ?
Le style intimiste de l’écrivain est une arme à deux tranchants ; il peut intéresser un jeune auditoire mais il décontenance les lecteurs plus rigoureux qui se demandent comment quelqu’un en quasi-agonie, se sachant condamné, peut s’exclamer « qu’il fait bon s’allonger dans le lit ! »
Les faits marquants de la vie de Mercier sont réunis, bien sûr, et les grands enjeux politiques du Bas-Canada ou de la toute jeune Confédération canadienne (1867) sont clairement expliqués. Les principaux personnages de notre histoire du XIXe siècle sont tous là, les Riel, Cartier, Laurier, Chapleau, Tardivel, Taillon, Casgrain, Le May, Labelle. Même le pape Léon XIII.
Pour la petite histoire, les vitraux de l’église ancestrale de Tourouvre (Perche) représentent bien le départ en Nouvelle-France de l’ancêtre Julien Mercier (1647) et le retour en France de son illustre descendant (1891). Honoré Mercier a en effet servi de modèle aux artisans de l’époque car il en était lui-même le sujet, bien en vue, en grand costume de comte romain. Un peu vaniteux, le grand homme. Un côté bling-bling, quoi.