La souffrance est-elle nécessaire pour assimiler les apprentissages de vie et devenir plus vrai, plus authentique, plus humain ? Est-il essentiel de « s’offrir » un lupus érythémateux disséminé – maladie incurable qu’endure Colette Portelance – pour trouver le Sens de sa vie ? Le badaud dirait : « Sûrement pas ! » Et personne ne le fustigerait. Les douleurs causées par cette maladie très grave sont par ailleurs intolérables.
Pourtant, celles et ceux qui ont emprunté un chemin de douleurs – physiques ou psychiques – le proclament : l’événement a généré les transformations les plus significatives dans leur vie. Le mal a suscité des remises en question profondes et définitives qui ont amené un nouveau sens ontologique. Certains disent même que l’épisode insupportable leur a apporté la guérison intérieure. Bref, plus rien ne sera comme avant dans leur vie.
Vivre condamné par une maladie, ça remet quelques pendules à l’heure. Les perspectives sont tout à coup différentes, sûrement plus vastes. La vie doit prendre une ampleur et une certaine légèreté. Un peu comme lorsqu’on se dit : si c’était mon dernier jour à vivre, au diable la mauvaise conscience, les obligations lourdes, la responsabilité accablante, je le vivrais pleinement.
Bien entendu ce type de retrouvailles avec son intériorité ne se fait pas sans mal. Gagner la paix et la sérénité durablement demande quelques épouillages, pas toujours agréables. Reste tout de même une question : n’est-ce pas, encore et toujours, se fourvoyer dans une vision judéo-chrétienne de l’expérience de la maladie, qu’il faut à tout prix souffrir pour gagner sa pitance ?
Une chose est sûre : si ce n’est pas à l’intérieur que nous trouvons la force de continuer, où la trouverons-nous ?