Le 400e anniversaire de la capitale est, bien sûr, propice aux promenades à Québec et à leur mise en valeur. De surcroît, Pierre Caron connaît suffisamment la ville, son histoire, ses mutations pour en bien choisir les aspects les plus éloquents. Le plaisir est donc au poste et nombre de parcours attachants et trop peu fréquentés reçoivent leur dû, qu’il s’agisse de Maizerets ou du jardin des Gouverneurs. Malgré ces atouts, le résultat laisse le lecteur sur sa faim. Peut-être parce que Pierre Caron s’est montré dans le passé moins épidermique et plus apte au renouvellement des perspectives. Peut-être aussi, soit dit de façon aventureuse, parce que les textes ici regroupés en volume ont d’abord paru dans un quotidien dont les propensions vont à la consommation tranquille plutôt qu’au recul critique ou à l’élargissement des horizons. Chose certaine, l’auteur joue en deçà de son registre quand ses propos s’apparentent à ceux du dépliant touristique que proposerait une agence de voyages. « On peut déjà anticiper, écrit-il par exemple, que les fêtes du 400e seront l’occasion de célébrer ceux qui, d’abord, ont construit les premiers ouvrages de pierre au pied et sur le cap Diamant, et ceux qui, ensuite, ont entretenu ces constructions, qui les ont reconstruites et qui, enfin, les préservent à la manière scrupuleuse des conservateurs de musées. » Ceux qui rappellent périodiquement à Québec les exigences liées à son intégration au patrimoine mondial élèveront le sourcil. Le ton qu’adopte ici l’auteur pour évoquer Mgr de Laval contraste d’ailleurs avec celui que la même plume utilise pour parler du même personnage dans ses romans. Bonification explicable, mais quelque peu décevante.
À cela s’ajoutent quelques distractions. Lire l’éloge des « belles demeurent » de la rue d’Auteuil fait sursauter. Utiliser l’expression « faire long feu » d’une façon contraire à son sens classique, c’est étonnant. Attribuer à l’inconnu Michel Lemieux l’excellent ouvrage de Michel L’Hébreux sur le pont de Québec, c’est disgracieux. « Se rappeler d’un passé », c’est oublier la règle de nos admirables institutrices : « Je m’en souviens, je me le rappelle ». Dans l’ensemble, les promenades sont inspirantes, mais peut-être ont-elles édulcoré l’habituelle vigilance de l’auteur.