Alliage moderne entre romance et poésie, cette publication vient à point dans un univers littéraire débordant de calques et de croquis. Apportant fraîcheur et naturel, l’histoire, se déroulant dans une période de froideur rigoureuse, réconforte la curiosité du lecteur. Étant assez brève, celle-ci se doit donc d’être dépouillée de toute fioriture et de rester légère. Enquête, intrigue ou même péripéties catastrophes n’ont pas leur place à l’intérieur de ce roman. Une narration simple, discrète et souple émane d’une plume concise.
La présence de poèmes en prose au début des chapitres vient, non pas ajouter de la signification, mais plutôt marquer le processus de lecture : « Derrière, il n’y a plus d’avant. Devant, plus rien ». L’écriture nous situe au moment présent. Rien d’autre n’importe. La vie quotidienne prend son ampleur dans l’ici et maintenant. La détresse des personnages devient plaisir, la solitude est transformée en vive collaboration et la crainte, elle, est métamorphosée en détermination. Il n’y a que dans l’actuel où tout est permis. La proximité et le confinement provoquent une alliance sans équivoque. Les personnages, dans l’optique de survivre, entretiennent tous les mêmes expectations, même si celles-ci s’expriment bien inégalement.
Ce livre authentique a le mérite de transporter le lecteur au-delà de la matière textuelle, bref, il le fait lire entre les lignes. À cœur ouvert, l’œuvre laisse le lecteur s’introduire jusque dans le vif du sujet. L’auteur, en rejetant toute forme de restriction, s’abandonne à son texte, ce qui le rend limpide. Aigu et aiguisé, d’une lecture aisée, Le désordre des beaux jours de Simon Philippe Turcot est une goutte de rosée du matin résistant à la chaleur ardente de la pression marchande.