En dépit de son titre en anglais, ce livre est rédigé en français (à part quelques passages) et constitue le troisième volume du cycle Le théâtre des opérations, amorcé en 2000 chez Gallimard. Présenté sous la forme d’un journal ou d’un blogue écrit au Québec, le texte de Maurice G. Dantec commente librement l’actualité française et mondiale, passant de la désillusion à l’exaltation. Les thèmes abordés sont pratiquement infinis : l’américanité, les conflits liés à l’islam en France, la musique populaire (la chanteuse Dannii Minogue), les errements du journalisme et de l’information-spectacle du style « Tout le monde en parle », le problème de la désinformation, les idéologies dominantes. Le romancier évoque ses relations avec les critiques littéraires et commente l’écriture dans son propre livre de science-fiction, Villa Vortex. Dantec attaque les politiciens français, traitant Nicolas Sarkozy de « farce vivante » et d’« androïde décorticalisé ». Mais les jugements et les mises en garde de l’auteur sont parfois éclairés : il critique à juste titre les dérives idéologiques du Monde diplomatique et l’antiaméricanisme obsessif de Noam Chomsky. L’écriture de Dantec est fluide, spontanée, abondante, composite, mais n’évite pas toujours le placotage. Cette écriture en vrac occasionne d’inévitables longueurs. Arrivé au milieu du livre, je me suis demandé tout à coup : « Cet auteur écrit beaucoup, indéniablement ; mais se relit-il ? » Je trouve ma réponse plus loin, à la page 393 : « Ah… Seigneur, comme parfois être obligé de se relire est une véritable épreuve ». Difficilement classable, proche du roman post-moderne, du ego-trip ou de la chronique d’humeur, le texte inclut les matériaux les plus inattendus : transcriptions de paroles de chansons du groupe Oasis, extraits de courriels, références à des sites Internet. Il n’y a pas à proprement parler de fiction, mais on y trouve des idées, des formules, des envolées dans la tradition de Jack Kerouac ou de Jean Baudrillard. American Black Box aura sans doute été plus facile à écrire qu’à lire. Peut-être que la meilleure stratégie pour entreprendre ce livre serait la lecture à petites doses, ou par un survol désordonné.
AMERICAN BLACK BOX
- Albin Michel,
- 2007,
- Paris
690 pages
34,95 $
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