Encore bon nombre de parents ne le savent pas, mais l’automne 2008 marque un tournant dans les programmes scolaires au Québec. Pour la première fois en effet, les enfants québécois, quelle que soit leur origine, recevront un enseignement d’éthique et de culture religieuse rompant définitivement avec l’enseignement confessionnel donné depuis des décennies.
L’auteur d’Éthique, culture religieuse, dialogue, un philosophe, est bien placé pour en parler : il a fait partie de l’équipe qui a conçu ce programme commandé par le ministère de l’Éducation. De quoi s’agit-il au juste ? D’une école neutre, laïque, où toutes les conceptions de la vie doivent se rencontrer en toute transparence, en toute harmonie. Pour les parents religieux, cela veut dire que, si leurs enfants seront accueillis dans le respect de leurs croyances, ils n’en seront pas moins exposés au pluralisme des pensées, dont l’athéisme. À l’inverse, les parents agnostiques verront leurs rejetons se faire expliquer les croyances religieuses, celles de leurs origines certes, mais aussi toutes celles existant de par le monde. (Tout en évitant les écueils du « relativisme », insiste l’auteur, pensée selon laquelle toutes les coutumes s’équivalent.)
Il s’agit, selon l’expression de Georges Leroux, d’une éducation au « vivre-ensemble », où l’école agit comme « foyer intégrateur » d’une population de plus en plus plurielle.
Voilà un bel idéal certes, mais fondé sur un espoir : celui de former une société de demain habituée à faire cohabiter sainement des valeurs divergentes. Outre la cohabitation, le programme du gouvernement cherche à faire dialoguer les élèves. Pour préparer ces citoyens de demain à la nécessaire vertu de tolérance, fondement d’une société « raisonnable ».