Ce livre est essentiellement une recension, au jour le jour, des événements (majoritairement sanglants) des cinq dernières années au Proche-Orient. Ceci de la part d’un vétéran du terrain, correspondant d’une télévision française.
Ceux et celles qui suivent régulièrement les tragédies à répétition dans la région apprendront quelques petits faits intéressants, mais sans plus. Les autres jouiront d’un topo complet et détaillé des faits et gestes des principaux acteurs – les dirigeants palestiniens, israéliens et aussi américains – dans leur corps à corps incessant.
Ces « années perdues » auxquelles réfère le titre, années où, une nouvelle fois, aucun progrès vers la paix n’a été enregistré, l’auteur en attribue la faute surtout aux Israéliens. C’est que leurs dirigeants se sont laissés gagner par des conceptions fausses de la réalité palestinienne, et ont ainsi glissé dans un radicalisme militaire contribuant à la montée de l’intégrisme islamique. La principale conséquence en est la montée du Hamas en Palestine.
Ces conceptions biaisées, appuyées par le lobby néo-conservateur à Washington, préconisent l’usage exclusif de la force militaire pour régler les problèmes politiques sur le terrain, manière de « marquer les consciences » du côté palestinien et de décourager toute attaque de leur part. Elles ont aussi fait du dirigeant historique Yasser Arafat, maintenant décédé, le principal obstacle à la paix, tout en lui attribuant la responsabilité des attentats terroristes, qu’en fait il ne contrôlait à peu près pas. Le bilan de tout cela est largement négatif. Les dirigeants d’Israël ont en fait marginalisé les modérés palestiniens, et se retrouvent aujourd’hui devant une hydre islamiste déterminée à l’anéantir et une population palestinienne assoiffée de vengeance. Rien d’encourageant pour un règlement même partiel de ce conflit déjà vieux de plus de 60 ans.