Successivement poste de traite, tête de pont française en Amérique, ville de garnison, capitale du Canada et vitrine de l’Empire britannique, la ville de Québec a une histoire qui se confond avec celle du pays. Cette riche et longue aventure, ses habitants ont la chance de la voir inscrite dans beaucoup de ses pierres et de ses places publiques. Avec Empreintes & mémoire, sorte de bilan-inventaire réalisé pour souligner les 400 ans de la ville, la Commission des biens culturels du Québec nous convie à une balade érudite dans ce paysage né sous le Régime français, transformé sous le Régime anglais, rejoint aujourd’hui par la modernité.
Les auteurs prennent d’abord bien soin de délimiter le périmètre de ce livre sous-titré L’arrondissement historique du Vieux-Québec. Pour ceux et celles qui sont moins familiers avec la topographie de la ville de Québec, rappelons que l’arrondissement historique comprend deux espaces bien distincts. Le premier, la Haute-Ville, englobe la partie supérieure du cap Diamant. On y retrouve quelques îlots résidentiels mêlés à une forte concentration de bâtiments institutionnels. Les fortifications en marquent les limites. La seconde partie, comprise entre la falaise, la rivière Saint-Charles et le fleuve Saint-Laurent, constitue la Basse-Ville, traditionnellement orientée vers le commerce et les affaires. Haute et Basse-Ville occupent un espace de 135 hectares sur lesquels on dénombrait, en 1988, un millier de bâtiments civils ou religieux.
Par le texte et par l’image, Empreintes & mémoire rappelle ensuite les moments forts et les caractéristiques de ce peuplement ; de la présence initiale des Amérindiens, en passant par l’occupation du territoire sous le Régime français jusqu’à l’achèvement du cadre général sous la présence anglaise au XIXe siècle. Une seconde partie rappelle les grandes étapes de la transformation de l’arrondissement depuis le XIXe jusqu’à aujourd’hui : les grands réaménagements de la fin du XIXe siècle, l’émergence d’une sensibilité au passé dans la première moitié du XXe siècle, la « naissance administrative » de l’arrondissement historique après la Seconde Guerre mondiale, l’instauration de nouvelles façons de faire dans les années 1960 et la recherche d’une approche globale d’intervention à la fin du siècle dernier.
L’inscription de l’arrondissement sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco, en 1985, est venue confirmer le caractère unique de cet ensemble architectural et urbanistique qui attire, chaque année, plusieurs millions de visiteurs. Son charme, nous disent les auteurs, « tient autant à ses façades qu’à ses parcours sinueux, ses escaliers casse-cou, ses places ombragées, ses carrefours ». Pour sa part, le lecteur prendra un vif plaisir à en faire le tour dans un ouvrage d’une facture remarquable. Il faut en donner le crédit aux Publications du Québec qui ont conçu une mise en page très aérée et d’une grande élégance. L’évident parti pris de laisser toute la place aux bâtiments et à l’espace dans les très belles photographies de Sylvie Lacroix et Pierre Lahoud qui accompagnent le texte constitue également un heureux choix graphique.
S’il est vrai que « les pierres du Vieux-Québec servent d’écrin aux âmes de nos ancêtres », comme l’écrit Claude Cossette dans la préface d’Empreintes & mémoire, l’ouvrage de la Commission des biens culturels du Québec, pour sa part, est désormais le compagnon obligé de nos déambulations réelles ou virtuelles dans les rues du Vieux-Québec.