Ce livre, publié à l’origine en 1959, rassemble des articles écrits entre 1947 et 1955. Auteur de très beaux romans, tels Le tout sur le tout et Monsieur Paul, Henri Calet (1904-1956) fait partie de ces écrivains qui, comme Raymond Guérin, André Beucler et Marc Bernard, ont laissé une œuvre remarquable bien qu’ayant jusqu’à ce jour insuffisamment attiré l’attention. Acteur et témoin révèle la personnalité tendre et ironique de l’écrivain, en qui l’on a vu l’inventeur d’un « humour gris ». Collaborateur de Combat et du Parisien libéré notamment, Calet se faisait une joie, dans ses reportages, de partir à la découverte de la petite face cachée du monde, cherchant autour de lui des sujets d’amusement. Les petits voyages lui plaisaient particulièrement : une promenade dans la banlieue nord de Paris ceinturée d’usines (« Tourisme suburbain »), une randonnée en autocar aux Pays-Bas, rythmée par les commentaires patriotiques du guide (« Tourisme chez les autres »), une visite du village de vacances de Guéthary, où les vacanciers logent dans des bungalows (« Un village sans histoires ») Facétieux, mais dénué de malice, Calet prétendait avoir pris l’« habitude de regarder [ses] contemporains d’un point de vue de larbin, de concierge, comme par le trou d’une serrure ». Le résultat en est souvent insolite, comme le jour où il s’est rendu à Argenteuil dans le but d’admirer quatre asperges phénoménales dont une, difforme, pesant un kilo (« Au musée de l’asperge »). Ailleurs, l’écrivain participe à une séance de signatures au rayon librairie d’un grand magasin et joue les sociologues (« L’écrivain dans la bergerie »). Sans s’appesantir sur la grisaille du destin, Calet, qui a connu la privation et la captivité, reste partout sensible aux manifestations de la détresse. Pourtant, de la vingtaine d’articles réunis dans Acteur et témoin, un seul prend véritablement un ton grave, « Treize ans de retard ». Calet y narre son pèlerinage sur les routes de Bourgogne où il avait été fait prisonnier de guerre en 1940 ; c’est l’occasion pour lui d’évoquer le souvenir de tirailleurs africains abattus méthodiquement par les S.S. « Acteur et témoin » de l’existence à la petite semaine et à la grande, Henri Calet l’a été et c’est dans un style bien à lui qu’il célèbre la liberté et la douceur de vivre.
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