Jean-Marc Piotte, professeur à l’Université du Québec à Montréal, est l’auteur, entre autres, de La pensée politique de Gramsci (Parti pris, 1970), l’un des premiers essais de la deuxième moitié du XXe siècle à s’intéresser au leader du Parti communiste italien qui, autrement, occuperait encore une place bien discrète dans l’histoire des penseurs occidentaux. Piotte participe ainsi, depuis bientôt 40 ans, à la diffusion et à la vulgarisation d’idées aussi méconnues que fondatrices.
D’abord publié en 2001 (Québec Amérique), puis réédité en 2007, Les neuf clés de la modernité traite de « neuf points d’ancrage », concepts incontournables, et de leur évolution de la Grèce antique à nos jours en passant par le Moyen Âge et les Lumières. Le professeur démontre, en s’attardant sur le statut de l’individu (liberté individuelle versus liberté collective), la raison, le travail, l’amour, l’État et la religion (la nation plutôt que la religion et le passage de la religion de la sphère publique à la vie privée), comment « notre façon de penser actuelle diffère radicalement de celle des Anciens » (quatrième de couverture).
Si les spécialistes risquent de n’y trouver rien de nouveau, car les idées présentées ici reposent essentiellement sur les canons de la philosophie occidentale, les néophytes seront, eux, largement satisfaits. D’abord, parce que l’essai est un excellent survol de la philosophie sociale et politique de l’Antiquité à nos jours et, ensuite, parce qu’il constitue un superbe manuel d’introduction à plusieurs penseurs dont la lecture peut se révéler ardue : Kant, Hobbes, saint Thomas d’Aquin, Locke, etc. Cela dit, l’essai de Piotte est aussi ancré dans le présent, car il contient toute une section consacrée à Charles Taylor, le philosophe siégeant présentement, en compagnie de Gérard Bouchard, à la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodements reliées aux différences culturelles, mise en place en février 2007 par le gouvernement du Québec.